Les postiers du centre de tri Prévert de Castres ont fait valoir le mois dernier un droit de retrait en raison de conditions de travail qu'ils jugeaient inacceptables, liées à une nouvelle organisation des tournées applicables durant plusieurs semaines (voir nos précédentes éditions). En résumé, la Poste répartit à ses facteurs des morceaux de tournées supplémentaires pour palier un manque d'effectif.
Une réunion extraordinaire du Comité d'hygiène, sécurité et conditions de travail (CHCT) s'est tenue le 21 mai, en présence notamment de l'Inspection du travail. A la lumière de cette rencontre, d'un rapport remis par le docteur Ehster, médecin du travail, et de réponses de la direction de la Poste aux questions posées, l'Inspection du travail vient de rendre un rapport, que nous nous sommes procurés. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il tacle méchamment la direction de l'établissement postal castrais ! On peut en effet y lire en particulier à propos de l'organisation du travail, par ailleurs dénoncée par des organisations syndicales : « Cette situation dénote un risque psychosocial certain générant pour certains salariés un risque de danger grave et imminent d'autant que cette entreprise a connu trois suicides en six mois dans des départements différents. » Et d'indiquer en caractères gras : « Un diagnostic approfondi de la situation doit y être réalisé. » Tout en précisant : « Il est urgent de mettre effectivement en place une cellule de veille et de soutien psychologique. Un plan d'actions doit être associé au diagnostic afin d'améliorer les conditions de travail. »
Pour enfoncer le clou, l'Inspection du travail rappelle que le médecin du travail a remis un rapport qui fait état « de risques psychosociaux liés aux réorganisations répétées et de l'effet pernicieux du « fini parti » qui amène certains facteurs à ne pas prendre de collation matinale, à prendre des risques routiers durant les trajets… »
Rapport en main, la CGT a sollicité un rendez-vous hier matin avec la nouvelle directrice de l'établissement Prévert, Mme Hospital.
« La rencontre a duré cinq minutes, lance Jean-Luc Gastou secrétaire départemental CGT. La Poste veut remettre en place son organisation à compter du lundi 18 juin et ce jusqu'à fin août. Elle met sciemment en danger du personnel pour des raisons purement économiques et financières. »
Conséquence : dès lundi également, nombre de facteurs devraient faire valoir leur droit de retrait. C'est-à-dire qu'ils refuseront de réaliser le bout de tournée en plus que la direction veut leur imposer afin de ne pas embaucher de remplaçants d'été. Dans un communiqué, la direction Courrier de La Poste indique sobrement : «La Poste a mis en place dès le 21 mai dernier une cellule médico-sociale et s'engage, dès aujourd'hui, à intensifier ses outils de veille individuels et collectifs pour approfondir son étude.»
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