Toutes les actualités du CSE-CSSCT

Coût du travail : Ayrault et le PS dénoncent l'argument du patron de PSA

Rédigé par adminChsct | 16 juillet 2012

Le premier ministre et plusieurs responsables socialistes ont remis en cause vendredi 13 juillet l'argument utilisé par le président du directoire de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, qui a mis en cause le coût du travail en France, au lendemain de l'annonce de 8 000 suppressions d'emplois au sein du groupeautomobile, en France.

"Nous avons le coût du travail le plus cher en Europe et nous produisons 44 % de notre production en France, donc il faut baisser les charges qui pèsent sur le travail de manière massive", a affirmé M. Varin vendredi sur RTL.

Ce dernier a dit espèrer que le plan automobile du gouvernement, qui devrait être dévoilé le 25 juillet, permettra de baisser le coût du travail. "Il y a une marge de flexibilité sur le coût du travail (...), donc il faut baisser les charges qui pèsent sur le travail de manière massive", a-t-il ajouté.

UN ARGUMENT ERRONÉ

Or, son argument - selon lequel la France aurait le coût du travail le plus cher en Europe - se révèle erroné, comme l'a démontré le blog du Monde.fr "Les Décodeurs".

Car si la France se classe certes dans le peloton de tête en matière de coût horaire du travail, elle reste moins chère que d'autres pays. Dans l'industrieautomobile, le coût horaire est plus élevé en Allemagne qu'en France, selon l'Insee.

Une étude de l'institut publiée en février dernier relève par exemple que dans l'industrie automobile, le coût horaire allemand était en 2008 "le plus élevé d'Europe" et "supérieur de 29 % à celui observé en France" la même année. 

"UN PEU FACILE"

Le souhait de M. Varin a été accueilli tièdement par le premier ministre. Jean-Marc Ayrault a répliqué que "ce serait un peu facile que le PDG de cette entreprise se défausse en disant : traitez la question du coût du travail, et tout sera résolu".

"J'ai dit à la conférence sociale que le gouvernement était prêt à engager une réflexion sur le financement de notre système de protection sociale, mais ce n'est pas la question aujourd'hui avec l'annonce du groupe Peugeot", a ajouté le chef du gouvernement devant des journalistes lors d'un déplacement à Nantes.

IL SE "DÉFAUSSE DE SES RESPONSABILITÉS"

Dans la journée, le président des députés PS, Bruno Le Roux, a carrément accusé Philippe Varin de se "défausser de ses responsabilités" en mettant en avant le coût du travail en France. 

"Alors que des milliers de familles et des territoires entiers s'apprêtent à subir les conséquences du plan social de PSA, les déclarations de monsieur Varin, qui expliquent que le problème est le coût du travail, sont indignes et choquantes", a-t-il estimé dans un communiqué. "Lorsque, en 2010, monsieur Varin avait quadruplé son salaire en le portant à 3,25 millions d'euros, la question du coût du travail le préoccupait moins qu'aujourd'hui", a attaqué le député de Seine-Saint-Denis.

"Il est temps que les PDG cessent de se défausser de leurs responsabilités sur l'Etat et le contribuable", a-t-il ajouté. "C'est d'abord le manque de vision stratégique de la direction de PSA qui a placé le groupe dans les difficultés qu'il connaît aujourd'hui", a-t-il ajouté. 

"PLUS QUE SURPRENANT"

À son tour, le député socialiste Henri Emmanuelli a dénoncé l'appel du patron de PSA à une baisse du coût de la main d'oeuvre en France, alors que le coût horaire du travail est supérieur dans l'automobile en Allemagne qu'en France.

"L'appel de Monsieur Varin à une baisse du coût de la main d'oeuvre de l'industrie automobile pour justifier son plan massif de licenciement est plus que surprenant", écrit dans un communiqué le député des Landes, ancien secrétaire d'Etat au budget.

Espace CHSCT, plateforme N°1 d'information CHSCT, édité par son partenaire Travail & Facteur Humain, cabinet spécialisé en expertise CHSCT et formation CHSCT