Le mois dernier, Ben Zotto a passé trois semaines au Mont Everest avec des amis proches, des vacances dont il avait rêvé durant des années. Il a enfin pu réaliser son rêve grâce à son nouvel employeur, la start-up Evernote . Cette dernière a en effet décidé de ne plus limiter la durée des vacances de ses employés. «C'est un système basé sur la confiance, explique à BusinessWeekBen Zotto, le développeur d'une app rachetée par Evernote au début de l'année. On considère que les gens peuvent gérer leur propre agenda».
Tendance naissante
Evernote, basée à Redwood City, en Californie, fait partie du nombre croissant d'entreprises qui offrent à ses salariés des congés payés illimités, en espérant à la fois réduire le stress des employés et augmenter leur productivité. «Certaines entreprises se rendent compte qu'elles doivent désormais offrir d'autres avantages pour attirer des salariés, les congés payés limités étant considérés comme une prestation ordinaire», analyse Jody Thompson, co-fondateur de CultureRx, un cabinet de consultant spécialisé en ressources humaines.
BestBuy, Zynga et d'autres
Des sociétés pionnières comme le vendeur de produits électroniques Best Buy ont remarqué qu'accorder de la liberté aux employés dans la gestion de leur agenda améliorait leur productivité. Cette notion est au centre d'une philosophie de management connue sous le nom de travail orienté résultat (Results-Only Work, ROW) où les travailleurs sont évalués sur la base de leur production, et non pas par rapport à leur temps passé au bureau. Seulement 3% des entreprises américaines ont officiellement adopté ROW, selon un récent sondage. Des sociétés en vogue comme Netflix et Zynga ont commencé à laisser à leurs salariés autant de temps qu'ils le souhaitent. «Cela va nous aider dans notre recrutement et à garder nos talents», affirme Dave Gilbert, PDG de SimpleSignal, un service de téléphonie par Internet.
Des mesures incitatives
Souvent, les employés accueillent cependant cette nouvelle liberté avec suspicion. Chez Evernote, on a supprimé la limite des vacances en 2011. «La première chose que nous avons remarqué quand nous l'avons fait, c'est que certaines personnes ont commencé à prendre moins de vacances»», explique Phil Libin, le fondateur du service de carnet de notes en ligne. Mais en l'absence d'une durée de congé prescrite, les cadres de l'entreprise ont pensé en prendre le minimum pour faire bien. Evernote a donc dû trouver des mesures incitatives. Les salariés reçoivent ainsi une subvention de 1000 dollars pour une semaine complète de vacances active. Ils doivent juste présenter un ticket d'avion et faire un bref compte-rendu de ce qu'ils ont fait auprès de leurs collègues. «Nos employés sont meilleurs à leur retour de voyage, argumente Phil Libin. Ils sont plus productifs et sont plus utiles à la société.»
Congé ou travail?
Les entreprises ayant des politiques de vacances rigides ont souvent du mal à définir ce temps libre, par exemple quand le salarié participe à une conférence téléphonique depuis la plage ou durant une demi-journée qu'il avait prise pour s'occuper de ses enfants. «La notion de vacances n'est plus aussi binaire qu'elle pouvait l'être, avec des personnes en mesure de travailler à distance depuis n'importe où, explique Sam Shank, directeur général de l'application Hôtel Tonight. Si quelqu'un fait des courses pour plusieurs heures au cours d'une journée de travail, cela compte comme un jour ou une demi-journée? Nous ne voulons plus nous chamailler à ce sujet».
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