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La R&D de PSA en déshérence

Rédigé par adminChsct | 26 juillet 2012

L’annonce de 1400 nouvelles suppressions de postes a accentué le désarroi d’un département qui ne comprend plus la stratégie du groupe.
Eux aussi manifestent leur ras-le-bol. Pour midi, les ingénieurs de l’ADN, ont prévu de descendre devant les portes du principal centre de recherche et développement de PSA basé à Vélizy (Yvelines), à l’appel de l’intersyndicale CFE-CGC, CFDT et SIA.
Le nouveau plan d’économies de la direction, détaillé mercredi 25 juillet, prévoit la suppression de 684 postes sur le site, soit 12,5% des effectifs. Au total, ce sont 1400 postes qui vont être supprimés en R&D, soit 10% des effectifs totaux.

En comptant les départs déjà prévus dans le précédent plan (500 CDI et 1600 postes d’intérimaires), la R&D subit la plus grosse saignée jamais enregistrée dans le groupe. "L’ambiance est morose" conclut dans un euphémisme un ingénieur du site.

R&D SOUS SURVEILLANCE


Conséquence directe : les managers notent depuis plusieurs semaines une montée du stress dans les équipes. Les craquages se multiplient et le plan mis en place pour gérer le stress il y a quelques années montrent ses limites.
Récemment, les services de la Caisse Régionale d’assurance-Maladie d’Ile-de-France (CRAMIF) se sont alarmés de la situation chez le constructeur. Les représentants du personnel de PSA et de la CRAMIF redoublent depuis de vigilance.
"Aux managers assez démunis dont je fais partie, on a donné la consigne d'être vigilants. Ce n'est surtout pas le moment de flancher, nous a-t-on précisé" explique un manager, une catégorie qui fait aussi l’objet d’attention en cette période difficile.

"Dans le cadre d’une restructuration, nous conseillons à l’entreprise d’étudier son impact sur le personnel", précise François Blanchard, ingénieur conseil régional à la CRAMIF. "Quatre catégories de salariés doivent être particulièrement suivies : les personnes écartées de l’entreprise, les précaires et les intérimaires, les managers en charge de la mise en œuvre de la restructuration et les ‘rescapés’, c’est-à-dire ceux qui restent dans l’entreprise après la restructuration."
Le malaise vient d’un manque général de perspectives. Le précédent plan de reclassement qui a touché la R&D fin 2011 a tout d’abord obligé certains salariés à changer d’affectation. "La hiérarchie a expliqué à ces employés que leur boulot était voué à la disparition.
Or, il est très difficile de trouver un reclassement en interne, tous les services sont "excédentaires", rappelle un ingénieur. Ces salariés sont donc sans cesse encouragés à aller voir ailleurs, à l'extérieur de PSA". Trois jobs-datings ont ainsi été organisés fin juin, sur le site de La Garenne (Hauts-de-Seine).

La signature de l’Alliance avec General Motors fin février a aussi brouillé les cartes. De nombreux projets ont été gelés et une dichotomie s’est installée entre les salariés. "Beaucoup de personnes se sont retrouvés sans attribution claire, cela fait maintenant près de 6 mois que leurs activités, comme les travaux sur l’hybride phase 2, ont été remises en question par l’Alliance, explique un ingénieur du site de La Garenne. Les managers se sont efforcés de leur trouver des missions, mais ils n'ont pas eux même pas de vision précise de l'avenir".
D’autres sont surchargés de travail, pour mener à bien les tractations avec GM. Résultat : l’angoisse monte des deux côtés.

QUESTION DE STRATÉGIE


Les nouvelles suppressions de postes ont encore un peu plus accentué les incertitudes des ingénieurs de PSA. "La majorité des personnes stresse face à la perte de son emploi et se sentent inutile même en ces temps difficiles. Il serait pourtant facile de les mobiliser, on parle de gens qui dans la très grande majorité, aiment ce qu'ils font mais trouvent que l'organisation est contre-productive", résume un ingénieur de La Garenne.

Beaucoup doutent aujourd’hui de la stratégie du constructeur. Un ingénieur du site de Carrières-sous-Poissy s’inquiète par exemple de la suppression des équipes de soutien R&D dans les usines, une mesure économique à court-terme qui menacerait la qualité sur le long terme.
"L’analyse qualité qui était faite en amont se fera désormais en bout de chaine, et là, on ne pourra pas retoucher", prévient-il. "95% du discours revient à indexer l'activité R&D sur les ventes automobile du mois en cours, au lieu de préparer l'avenir !", résume un de ces collègues.
Le directeur R&D du groupe a tenté de rassurer ses troupes, la semaine passée. "Avec notre plan performance baptisé DRIVE lancé en 2011, nous pouvons faire les mêmes développements en moins d’heures de travail" a justifié Guillaume Faury.

Les salariés de Vélizy, Carrières-sous-Poissy ou La Garenne ne semblent pas du même avis. "Dans les plans de départs, ce sont souvent les plus anciens et les plus talentueux qui s’en vont, les ‘experts’, analyse l’ingénieur de Carrières. Quand les projets redémarreront, quelles compétences restera-t-il chez PSA ?"

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