Elle souffre de troubles musculo-squelettiques. À Saint-Herblain, son employeur La Croix Signalisation ne trouve pas de poste adapté.
« J'ai l'impression d'être un mouchoir qu'on jette. » Patricia Rousseau, l'ancienne élue CGT, est au bord des larmes. Après 24 ans de boîte et un salaire qui atteint difficilement les 1 200 €, elle est convoquée à un entretien préalable à son licenciement. Motif ? La médecine l'a déclarée inapte à tout poste sollicitant même modérément les membres supérieurs. Elle souffre de troubles musculo-squelettiques, les TMS, première cause de maladie professionnelle en France. Son employeur herblinois, La Croix Signalisation, leader français de la signalisation routière, a cherché des postes de reclassement (comme l'impose la loi). En vain.
Les troubles ont commencé il y a quelques années déjà. Elle a abîmé ses muscles et notamment son coude à force d'entraîner un gros rouleau à l'aide d'une manivelle pour appliquer les adhésifs sur les panneaux de signalisation. Sa maladie professionnelle est reconnue en juin 2010. Changement de poste. Mais les troubles persistent.
Début 2012, des ergonomes sont appelés à la rescousse pour tenter d'aménager son poste ainsi que celui de deux autres personnes. Pour Patricia Rousseau, c'est déjà trop tard. Depuis deux ans, elle subit des traitements et des opérations. Et le mois dernier, c'est le coup de massue : inaptitude. Les possibilités de reclassement sont restreintes pour cette femme de 45 ans qui a appris son métier sur le tas.Selon la direction, tous les postes disponibles à Saint-Herblain (300 salariés) ou dans d'autres sites sont incompatibles avec sa maladie ou ne correspondent pas à ses compétences (marketing, ressources humaines). « On a étudié un maximum de possibilités », précise la direction.
Patricia Rousseau, soutenue par une poignée de collègues CGT qui débrayaient hier, en doute sérieusement. « La direction aurait pu anticiper. J'ai eu 14 visites médicales en 2 ans et demi. Mais on ne m'a jamais proposé de formation. Je pourrais me former dans le secrétariat. »
Déterminée et en colère, elle compte amener l'affaire devant les Prud'hommes pour contester son probable licenciement. Des élus CGT du CHSCT (Comité d'hygiène et de sécurité et des conditions de travail) s'inquiètent : « Ces maladies professionnelles seront plus nombreuses à l'avenir. Ici, la moyenne d'âge dépasse 40 ans. Nous avons trois autres personnes concernées. Mais l'entreprise ne semble pas mesurer l'ampleur du problème. » La direction se défend: « On développe au maximum la polyvalence et la mobilité interne afin d'éviter ces difficultés. »
Source (nantes.maville.com)
Espace CHSCT, plateforme N°1 d'information CHSCT, édité par son partenaire Travail & Facteur Humain, cabinet spécialisé en expertise CHSCT et formation CHSCT