Il y a un an, la CFDT Santé-Sociaux menait une vaste enquête sur les conditions de travail dans la fonction publique hospitalière. Aujourd’hui, la fédération formule 50 propositions pour améliorer la vie au travail des agents.
« Les conditions de travail telles qu’elles sont décrites par les professionnels ne sont plus tolérables. L’hôpital a pour fonction de soigner et guérir : il devrait être le lieu exemplaire d’une forme de qualité de vie au travail » s’insurge Nathalie Canieux, secrétaire générale de la CFDT-Santé Sociaux.
Le syndicat estime que la problématique des conditions de travail a disparu dans les hôpitaux.« Cela doit redevenir un sujet de discussion. Cette question doit être évoquée à chaque nouveau projet dans un établissement ».
La CFDT propose donc 50 solutions basées sur une enquête menée en 2011 auprès de 56.000 agents de la fonction publique hospitalière.
Pour 71% des soignants, travail ne rime pas avec santé
38.455 soignants (dont 13 748 infirmiers) avaient répondu l’an dernier au questionnaire de la CFDT-Santé Sociaux. Le résultat était plutôt inquiétant. 71% des personnes interrogées affirmaient que le travail avait un effet négatif sur leur santé. 41% d’entre elles se plaignaient de douleurs musculaires, tandis que 20% avouaient des problèmes de sommeil. L’ensemble des professionnels estimaient par ailleurs que les conditions de travail s’étaient dégradées ces cinq dernières années.
Embaucher n’est pas la seule solution
Face à ce constat, la CFDT préconise bien sûr des embauches. Mais cette solution n’est pas au cœur du rapport qu’elle a dévoilé à la presse jeudi 5 juillet. « Le problème des effectifs existe, mais il y a d’autres problèmes qui n’ont rien à voir avec le recrutement de nouveaux personnels » estime Nathalie Canieux. La CFDT propose d’agir sur quatre leviers :
- revoir l’organisation interne des activités,
- promouvoir la qualité de vie au travail,
- réinventer le dialogue social dans les établissements,
- rendre le management socialement responsable.
Ecouter les personnels, mieux organiser le travail
Concrètement, le syndicat préconise un panel de solutions qui mêle, entre autres, l’écoute du personnel, une meilleure organisation des équipes soignantes (notamment les relations avec les praticiens) et une meilleure formation des cadres de santé en matière de management (notamment sur la réglementation du temps de travail).
Il souhaite aussi que chaque établissement réalise une étude approfondie de sa situation sociale (causes réelles de l’absentéisme, causes de l’intensification du travail, répartition de la charge de travail entre les équipes, etc). L’objectif : connaître les causes des dysfonctionnements pour mieux les résoudre.
Côté embauches, il pointe aussi le manque de secrétaires médicales, qui pourraient décharger les infirmiers de nombreuses tâches administratives.
Une priorité face au ministère
Pour la CFDT, les conditions de travail à l’hôpital ne doivent pas être sacrifiées sur l’autel des restrictions budgétaires. « Une grande partie de nos propositions ne représentent pas un coût économique » assure Dominique Coiffard, secrétaire national. «Etablir des données sociales pour déterminer les causes réelles d’absentéisme, ça ne coûte rien et ça peut améliorer la vie des agents » explique-t-il.
Ce rapport a déjà été présenté mi-juin à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé. Il sera évoqué courant septembre avec la ministre, Marisol Touraine. « Ce dossier est une priorité. Le ministère peut s’approprier certaines de nos préconisations. On aimerait que certains éléments passent dans la loi » assure Nathalie Canieux, secrétaire générale de la CFDT-Santé Sociaux.
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