Démoralisé, je suis un médecin du travail démoralisé comme des milliers de confrères médecin du travail.
Même plus la force de me battre face à l'assassinat a petit feux de ma profession , face à ces millions de salariés qu'on abandonnent en rase campagne.
Ce qui faisait l'originalité de ce métier si passionnant, c'était de pouvoir faire le lien entre l'individuel et le collectif de travail, de pouvoir comprendre a travers la parole des uns et des autres tout ce qui touche au travail , de cet espace si précieux pour une majorité d'entre nous dans l'accomplissement de soi.
Combien de salariés, de chefs d'entreprise avons nous, dans l'ombre, aidé face aux difficultés, aux incompréhensions, aux risques pour la santé, aux accidents de la vie qui remettent en cause le travail.
J'ai participé avec enthousiasme aux évolutions nécessaires de mon métier si mal ficelé au départ par des professeurs de médecine pronant l'eugenisme c'est a dire la sélection "des bons salariés" , leurre si séduisant pour certains. En 25 ans, en plus de ma spécialité de médecin du travail, j'ai appris l'ergonomie, la psychodynamique du travail, la toxicologie, la conduite d'action collective de prévention , le maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés, la pluridisciplinarité et même le management d'équipe avec une infirmière de santé au travail.
Mais je n'avais pas compris que l'Etat voulait purement et simplement nous supprimer . Depuis 20 ans , nous n'avons cessé d'alerter sur la démographie médicale des médecins du travail et le départ prévisible des 3/4 de la profession entre 2005 et 2015. Et rien, toutes les filères de formation ont été fermées et il y a deux place d'internes en médecine du travail ouvertes cette année pour le Grand ouest. Pourtant , nous ne coutons rien à la Sécurité Sociale et nous assurons une mission de prévention importante en ces temps ou le travail devient souvent difficile pour les uns et les autres.
Dans mon service, aucun recrutement depuis 2008 et 15 médecins partis ces deux dernières années. L'effectif de salariés pris en charge pour un équivalent temps plein est passé de 2800 à 4200. Les perpectives démographiques pour 2017 sont de 7 médecins restants dans mon service pour .... plus de 90 000 salariés soit plus de 12 000 par médecin/temps plein ! Même avec des infirmières de santé au travail , c'est mission impossible .
Impossibilité de faire bien son travail, désarroi face a cette disparition programmée incompréhensible signe d'un manque majeur de reconnaissance, pression de plus en plus forte des entreprise et des salariés face aux délais de plus en plus longs de nos rendez vous, ... les médecins du travail s'épuisent dans le silence de leur cabinet médicaux.
Mais pourquoi ?
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