En enfilant son costume-cravate ce matin, l'employé de bureau a certainement lorgné sur ses tongs et son short encore entassés sur la pile de vêtements du week-end. Mais, comme de très nombreux Français, il n'a pas osé. Un sondage réalisé l'année dernière par Monster, et mis en lumière dans un article de Slate, explique que, pour 72 % des Européens, porter des tongs au travail ne donne pas une image professionnelle. Dans un article du Monde intitulé "Est-ce bien raisonnable d'aller au travail en bermuda", Marc Beaugé renchérit : "Il apparaît difficile de rester crédible sur son lieu de travail lorsque ses collègues se demandent si la chose brune sur l'arrière de son mollet est une tache de naissance ou une coulure de glace au chocolat..."
La question ne se pose même pas lorsque des conditions d'hygiène ou de sécurité imposent aux salariés une tenue particulière. Et les déboires des employés de bureau ne s'arrêtent pas à leur tenue. Les recommandations de l'Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) sont claires : il faut "travailler de préférence aux heures les moins chaudes". Et surtout "éviter le café". La journée promet d'être longue.
Pas de température maximale
Dans les locaux fermés, l'air "doit être renouvelé de façon à éviter les élévations exagérées de température, les odeurs désagréables et les condensations". C'est le Code du travail qui l'exige. De l'eau fraîche doit également être mise à la disposition des salariés. Dans la mesure du possible, le ministère de la Santé recommande aussi que les employés aient accès à des ventilateurs d'appoint, des brumisateurs et... des volets !
La loi ne prévoit pas de température maximum au-dessus de laquelle il ne serait plus possible de travailler. Mais le Code du travail oblige l'employeur à assurer la "sécurité" et la "santé physique et mentale" de ses salariés. Si ces conditions ne sont pas respectées, le salarié peut quitter le lieu de travail et faire valoir son droit de retrait. Mais le danger doit être grave et imminent. "Il faut que l'exercice de l'activité du salarié devienne impossible", précisait au Point.fr Nicolas Billon, avocat. Il peut, sinon, saisir l'inspection du travail, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l'entreprise ou encore en parler aux délégués du personnel.
"Tenue décente"
Et ce n'est pas parce qu'il fait chaud que tout est toléré. Des salariés se sont ainsi fait condamner en 2012 pour avoir organisé un barbecue dans un local de maintenance, alors même que la fenêtre était obscurcie et le bâtiment "inadapté". Me Éric Rocheblave, blogueur et avocat en droit du travail, explique : "La cour d'appel de Metz a considéré que la participation du salarié à un repas avec plusieurs collègues dans les locaux de l'entreprise, avec barbecue sur lequel grillaient des saucisses et consommation d'alcool, constitue une faute."
Pas question non plus de se balader torse nu en sortant du boulot. Chaque année, de nombreux maires prennent des arrêtés et exigent pendant l'été une "tenue décente" sur la voie publique. Celui qui se jetterait dans la Seine ou une fontaine parisienne pour se rafraîchir pourrait ainsi écoper d'une amende de 38 euros. Enfin, si vous partez en vacances au camping, n'embarquez par les gobelets à eau de l'entreprise. Dans une affaire jugée en juin par la cour d'appel de Colmar (que l'on peut trouver sur le blog de Me Rocheblave), un salarié avait été licencié pour avoir chargé 400 gobelets de fontaine à eau dans sa voiture. Pour des raisons de procédure, le vol n'a pas été reconnu par le tribunal comme motif de licenciement. Et l'employé s'en est sorti... avec une bonne sueur froide.
Source (lepoint.fr)
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