Laisser les salariés gérer leur temps de travail, renforcer l'employabilité, accompagner les carrières... Autant de façons de redonner le sens de l'engagement à ses équipes sur fond de crise économique.
Sans surprise, 2013 ne fera pas de cadeaux sur les fiches de paie: les hausses de salaires se limiteront en moyenne à 2,6%, selon la dernière étude du cabinet Aon Hewitt. Pis, l'économie poursuit sa dégradation avec des restructurations à la pelle.
Mais il reste des signes d'espoir, car "la première motivation des cadres est rarement le salaire", rappelle Antoine Morgaut, CEO Europe et Amérique du Sud au cabinet Robert Walters. Contrairement "au contenu du travail, à son environnement et à la reconnaissance", insiste-t-il, invitant à "résister au pessimisme ambiant".
Télétravail et plannings sur mesure
Car, sur ces terrains, les entreprises peuvent lutter. A condition de bousculer les codes. C'est ce que fait la SNCF en testant depuis octobre du télétravail atypique en Ile-de-France. Seize cadres de la direction centrale travaillent en partie dans les locaux de trois gares proches de leurs domiciles. En échange, ils aident les agents lors d'incidents: ils peuvent par exemple orienter les passagers, voire déneiger les quais en hiver.
"C'est tout bénéfice, assure Robert Piana, adjoint au directeur financier de SNCF Transilien. Ils s'épargnent de deux à trois heures de transport par jour et gagnent en sérénité. Ils échappent à la "réunionite" et apprécient de mettre parfois les mains dans le cambouis. Quant aux agents, ils sont surpris de voir que des cols blancs peuvent les aider." La SNCF gagne ainsi des renforts ponctuels, même si Robert Piana se défend de déléguer des missions qui nécessiteraient des recrutements.
Selon l'Observatoire de la parentalité en entreprise, l'équilibre entre vies professionnelle et familiale préoccupe 95% des salariés parents. Autoriser à mixer les lieux de travail ou à ciseler ses plannings s'inscrit dans ce cadre. Deloitte permet ainsi à ses équipes de travailler davantage pendant une semaine et de lever le pied la suivante. Ou de personnaliser ses horaires. Jeune maman et salariée du cabinet d'audit, Laurette Allix a ainsi opté pour un quatre-cinquième. "Je suis plus épanouie au travail, assure-t-elle. Pouvoir profiter de ma fille un jour par semaine m'aide à accepter de finir tard le soir."
"Bénéficier d'experts sur des missions spécifiques, en laissant le temps de trouver leurs remplaçants"
Tout en jugeant le système moins adapté aux équipes "qui travaillent dans le rush", cette assistante manager assure que sa carrière n'en souffre pas: "Je continue d'être augmentée régulièrement et de changer de grade."
A SGS France, un accord sur le temps partiel annualisé bénéficie surtout aux seniors. Ce contrat de vacation de quelques missions par an satisfait mal des actifs à la recherche d'un salaire plein, mais il répond aux besoins de ceux qui veulent lever le pied sans décrocher. "Les vacations permettent de rompre en douceur, juge Laurent Pinède, DRH du pôle industriel. Et elles nous permettent de bénéficier d'experts sur des missions spécifiques, en laissant le temps de trouver leurs remplaçants."
Des moyens de développer son employabilité
Car motiver et donner du sens aux carrières, c'est aussi choyer les salariés jusqu'à leur départ. ING Direct propose même de les accompagner vers une mobilité... externe. Pour les pousser non pas chez le concurrent, mais vers une création d'entreprise ou une reconversion.
Avec 420 employés et une moyenne d'âge de 33 ans, la banque en ligne "assume de ne pas pouvoir proposer des plans de carrière à tout le monde, explique Elise Tricon-Yvray, responsable recrutement et carrières. On a donc brisé un tabou."
"Donner les moyens de se projeter dans sa carrière fait partie de notre responsabilité sociale"
Un ancien devenu entrepreneur est récemment revenu conseiller d'ex-collègues. Une chargée de clientèle a passé un CAP pâtisserie pendant un congé de formation, avant de choisir de réintégrer l'entreprise et d'y être promue. "Donner les moyens de se projeter dans sa carrière fait partie de notre responsabilité sociale: les salariés se sentent considérés et engagés par un objectif à long terme", estime Elise Tricon-Yvray.
Sans en arriver là, Deloitte admet aussi que l'entreprise ne peut répondre à toutes les aspirations des salariés. "Quand on embauche un docteur en physique nucléaire, on sous-utilise forcément ses compétences", reconnaît Jean-Marc Mickeler, associé responsable de la marque employeur à Deloitte en France. Le cabinet en tient donc compte: son système du "temps expert" permet à un employé de "maintenir, sans conséquence sur son salaire, son niveau d'expertise, en travaillant sur des projets annexes auprès de clients, d'associations ou de start-up", jusqu'à de 10 à 20% de son temps.
Formation et autonomie des équipes
Arrivé deux ans en tête du palmarès Great Place to Work des "entreprises de moins de 500 salariés où il fait bon travailler", le cabinet de conseil en informatique Octo Technology mise aussi sur la formation et l'autonomie de ses équipes: ses employés sont incités à suivre des conférences aux Etats-Unis et à mener des projets de recherche, à condition de produire une synthèse de ce qu'ils ont appris.
"Nos consultants ont besoin de se sentir tirés vers le haut"
"Nos consultants sont des experts "tech", explique Isabelle Marcé, DRH. Ils ont besoin de se sentir tirés vers le haut. Créer cette synergie de compétences renforce leur sentiment d'appartenance à l'entreprise." Les heures consacrées à la formation classique, à la R&D ou à l'autoformation représenteraient, à Octo, 20% du temps de travail.
"Rassurer le salarié sur ses compétences" est primordial par temps de crise, conclut Antoine Morgaut, de Robert Walters. Peu importe la conjoncture, les entreprises ""doivent continuer à fixer des objectifs, nourrir les intelligences en lançant par exemple des projets transverses lors du ralentissement de l'activité", résume-t-il. Une approche qui contribue à créer un "environnement de travail où les salariés se sentent valorisés et respectés", tout en "éloignant la peur".
Source (lexpress.fr)
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