Paris le mercredi 1er août 2012. L’InVS vient de dévoiler les résultats d’une étude pilote, baptisée SentASM, sur la faisabilité d'une surveillance de l'asthme par un réseau de médecins du travail. Dirigée par Yuriko Iwatsubo, du département santé au travail de l'InVS et ses collègues de l'université de Bordeaux 2 et du CHU de Toulouse, cette étude a inclus 110 médecins du travail volontaires des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées (soit 13 % de l'effectif total), chargés d’évaluer à partir de septembre 2007 la présence, la gravité, le niveau de contrôle et les traitements suivis par des salariés sur 12 mois. Au total, 6 906 salariés ont été inclus dans SentASM.
L’InVS rappelle que la prévalence de l’asthme atteint 6 % dans la population adulte en France. « L’asthme relève de causes multifactorielles parmi lesquelles les expositions professionnelles, considérées comme responsables d’environ 15 % des cas survenant chez l’adulte. Les expositions professionnelles peuvent initier la maladie asthmatique ou aggraver un asthme préexistant » explique le rapport en guise d’introduction.
Si les facteurs professionnels ont été mis en évidence dans l'apparition de l'asthme de l'adulte par de nombreuses études épidémiologiques, les données restent parcellaires. L’objectif de l’étude visait donc à mieux caractériser les risques professionnels et à déterminer si les médecins du travail pouvaient mener la mission de surveillance de l’asthme chez les travailleurs salariés.
Le secteur Santé et action sociale particulièrement touché
Dans les deux régions, la prévalence de l'asthme dit « actuel » (défini par la survenue d’une crise d’asthme au cours des douze derniers mois et/ou la prise d’un traitement pendant cette période) était de 5,4 %, une estimation concordante avec les données nationales de l'enquête décennale santé 2003 qui l'estimait à 5,3 % chez les personnes ayant un emploi au moment de l'enquête. L'Aquitaine présente des prévalences de l'asthme plus élevées que le Midi-Pyrénées. Les sujets jeunes sont plus touchés. Le risque de présenter un asthme "actuel" est significativement plus élevé dans le secteur d’activité « Santé et action sociale » (prévalence de 6,5 %) et chez les « employés civils et agents de service de la fonction publique » (prévalence de 8,9 %). Rien d’étonnant puisque ces professionnels sont exposés à des agents asthmogènes connus. Le rapport précise que « l’expertise des emplois par les hygiénistes industriels a permis de repérer des expositions à des substances asthmogènes ». Une analyse selon les expositions révèle un risque d’asthme significativement plus élevé chez les salariés exposés, dans leur emploi actuel, aux biocides (50 %), aux arthropodes (+ 30 %) et aux moisissures (+ 20 %).
La quasi-totalité (81 %) des sujets asthmatiques présentent un asthme persistant, et pour plus d’un quart d’entre eux (28,1 %), il s’agit d’un asthme sévère. On observe que 12,8 % des asthmatiques actuels semblent non contrôlés, 49,3 % partiellement contrôlés et 37,9 % contrôlés.
La prévalence de « l’asthme-vie » (qui correspond à la présence d’un asthme sur la vie entière et a été défini par une réponse positive à la question « Avez-vous déjà eu de l’asthme ? » dans le questionnaire) est de 11,1 %. Comme cela a été observé avec l’asthme actuel, cette prévalence est plus élevée chez les sujets jeunes, et plus forte en Aquitaine que dans la région Midi-Pyrénées.
D’après l'expertise clinique des médecins du travail, sur les 666 cas d'asthme, 9 % étaient en lien avec le travail, que l'asthme soit initié ou ait été aggravé par le travail.
Les auteurs du rapport défendent l’idée d’une généralisation de cette surveillance par les médecins du travail. « La suite du projet SentASM pourrait être une surveillance de l’asthme portant sur des secteurs et professions déjà connus pour les expositions des travailleurs à des nuisances asthmogènes (santé, fabrication et réparation automobile, coiffure…) » notent les chercheurs qui estiment, par ailleurs, que « les médecins du travail en charge des secteurs d’activité plus touchés par l’asthme professionnel ou plus exposés à des allergènes respiratoires pourraient se sentir plus concernés et plus nombreux à adhérer à un système de surveillance épidémiologique ».
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