Harcèlement moral? L'automatisation des péages pousserait la direction de la Sanef à mettre des salariés au placard, au sens propre: sans mission et enfermés dans une cabine. Enfermés dans une cabine de péage huit heures par jour, avec ordre de ne pas se montrer. Tel serait le sort réservé à une dizaine de salariés de la Sanef, victimes collatérales du passage au tout-automatique.
«Ils sont allés trop vite en besogne, et du coup, ils ne savent plus quoi faire de ces salariés qu'ils tentent de pousser à la démission », confie Nicolas (le prénom a été modifié), employé aux péages depuis 15 ans. Sous couvert d'anonymat, ce salarié s'indigne des pratiques de management qui seraient en cours au sein de la société autoroutière.
Les employés des péages entièrement automatisés, comme ceux de Beauvais-Nord et Beauvais-Centre, seraient mis au placard, au propre comme au figuré.
Non seulement le personnel n'est plus autorisé à faire son métier, mais il serait également tenu de se cacher. «Car la présence d'un salarié serait incomprise par les clients qui doivent payer et faire la queue à une machine », poursuit Nicolas.
Coincés dans leur maxi-cabine de 15 mètres carrés huit heures durant, les salariés ne sont autorisés à intervenir que lorsque la machine est hors service. Une situation ubuesque et ressentie par le personnel comme une humiliation. «Ce sont des pratiques dégradantes, on nous empêche de faire notre métier, poursuit notre témoin. Ils cherchent à nous faire craquer, et à nous faire accepter n'importe quoi pour qu'on se sente utile. »
La semaine dernière, le syndicat FAT-UNSA de la Sanef a saisi le CHSCT de l'entreprise pour demander une expertise et alerté l'inspection du travail. «Si mettre des salariés en cage s'apparente à de l'évolution, vivement l'ouverture de la section "directeur" dans ce zoo moderne, s'enflamme Yannick Moné, délégué du FAT-UNSA, qui dénonce ouvertement une nouvelle forme de harcèlement moral. Il en devient écœurant, limite vomitif, de voir avec quel zèle démesuré nos responsables péages sont prêts à toutes les manœuvres pour rabaisser le personnel. »
Une situation «transitoire »
Ces allégations sont démenties en bloc par la direction de la Sanef. «Je comprends que pour certains cette situation n'est pas facile à vivre, mais elle est transitoire, assure la responsable de la communication. Ces postes vont évoluer d'ici quelques semaines et ces salariés se verront attribuer des missions de supervision et d'assistance. »
Concernant l'obligation de se cacher, l'explication est beaucoup plus évasive. «Il n'existe pas de note de service le précisant, et nous avons fait un effort pour aménager ces cabines avec tout le confort nécessaire. »
Ces «boîtes » d'une quinzaine de mètres carrés sont effectivement équipées d'un bureau, d'un coin cuisine et d'un WC. Très pratique pour éviter de s'absenter pendant la pause !
Le plan de restructuration présenté par la direction il y a quelques semaines et qualifié par les syndicats de «plan social déguisé », prévoit quoi qu'il en soit la poursuite de l'automatisation des péages. Des machines infernales, diront certains.
Source (courrier-picard.fr)
Espace CHSCT, plateforme N°1 d'information CHSCT, édité par son partenaire Travail & Facteur Humain, cabinet spécialisé en expertise CHSCT et formation CHSCT