Selon des études scientifiques concordantes, la sieste augmenterait la vigilance, la mémoire, améliorerait l'humeur et les capacités mentales. Pourtant, la sieste au travail reste une pratique taboue en France. Pour longtemps encore?
La sieste a en effet de nombreux bienfaits sur les performances cognitives : augmentation de la vigilance, amélioration de l'humeur, meilleur sommeil pendant la nuit, amélioration des capacités mentales... Selon les études, 2 à 5 minutes de sieste suffisent à requinquer et 5 à 20 minutes de sieste renforcent les habiletés motrices et la performance. De surcroit, la sieste diminue les risques psychosociaux, limite l'absentéisme et prévient les accidents du travail, souvent dus au surmenage et à la somnolence.
Les données concordent au point que la question fait maintenant consensus : il est admis que la sieste rend productif. "Tous les neurologues du sommeil vous le diront. Le fait d'instaurer un système de sieste dans les entreprises est en tous points bénéfique", remarque le neurologue Christophe Petiau sur le site du Figaro. De nombreux pays ont tiré les leçons de cet état de fait, et acceptent, voire promeuvent, la sieste au bureau : "Dans les pays anglo-saxons et en Afrique, cette pratique est énormément répandue dans les entreprises, et les employés ont complètement apprivoisé la sieste au travail", souligne le spécialiste.
Pourtant, la France reste à la traîne. La sieste possède une très mauvaise image dans les entreprises de l'Hexagone. Associée à la paresse, elle est perçue comme un signe de faiblesse et de facilité, et rejetée pour des raisons morales et éthiques. La sieste est une activité plutôt honteuse, et dans l'imaginaire collectif, un employé pris en flagrant délit de sieste par son patron risque de se faire réprimander : "Pour les Français, faire une sieste est assimilé à de la fainéantise et se démarquer de cette connotation négative est délicat", analyse Christophe Petiau. Après tout, la France atteint déjà des records de productivité horaire. Une performance qui n'encourage pas les entreprises à remettre en question leurs pratiques managériales.
Même aux Etats-Unis, où la pratique est de plus en plus encouragée, seulement 6% des lieux de travail disposent de pièces réservées à la sieste, selon une étude réalisée sur 600 entreprises. Ce nombre est cependant en constante augmentation : plus 5% par rapport à l'année précédente. Mais une autre enquête à révélé que 34% des Américains interrogés déclarent que leur employeur les autorise à faire la sieste au bureau.
Le monde de la finance est peut être le plus accro à l'adrénaline. Pourtant, le magazine Fortune remarque que les milieux stressants sont peut-être ceux qui bénéficieraient le plus de la sieste. Le fond d'investissement privé Kodiak Capital a franchi le pas. Basé à Manhattan, le groupe a décidé de donner à ses employés la possibilité de faire la sieste. Un canapé confortable a été installé dans un bureau proche de l'espace de trading pour permettre des "power naps" de 15 à 20 minutes.
"Certains arrivent au bureau à 8 heures du matin, travaillent jusqu'à 17 heures, vont faire du rugby jusqu'à 20h, rentrent chez eux, et travaillent sur le marché australien pendant la moitié de la nuit avant de se coucher", remarque le manager Ryan Hodson, qui conclu : "Ces hommes peuvent ressentir le besoin d'une sieste revigorante vers 14h." Le dispositif a porté ses fruits : le manageur estime qu'environ un tiers de ses 15 employés font désormais la sieste régulièrement.
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