Les grandes évolutions constatées de 1998 à 2005, selon les familles professionnelles

Posté le 22 avril 2013 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctLe Centre d'analyse stratégique (CAS) a publié une cartographie de l'évolution des conditions de travail prévalant dans 87 familles professionnelles. Cette étude examine aussi bien les contraintes physiques et les nuisances que les conditions horaires, les rythmes de travail et les marges de manœuvres, sans oublier la charge émotionnelle qui joue un grand rôle dans le développement des risques psychosociaux.
Ce tableau dynamique des conditions de travail selon les métiers est une mine d'information pour les professionnels de la prévention. En effet, même si les risques dépendent aussi de l'organisation propre à chaque entreprise, cette approche est d’une aide précieuse tant elle permet d'orienter l'attention et d'ouvrir des pistes de progrès. En voici les principaux enseignements.

1. Les conditions physiques de travail difficiles reculent globalement mais se concentrent sur quelques métiers particulièrement exposés
Les métiers les plus exposés aux contraintes physiques, aux nuisances et aux risques d'accidents sont, en 2005, “les agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, bûcherons, maraîchers, jardiniers, viticulteurs ; les ouvriers qualifiés du gros œuvre et du second œuvre du bâtiment ; les conducteurs d'engins du BTP ; les ouvriers, techniciens et agents de maîtrise de l'électricité et de l'électronique ; les ouvriers qualifiés de la maintenance et de la réparation automobile”. Les experts notent que “s’il y a eu une tendance à l’allégement des pénibilités physiques et des risques pour l’ensemble des métiers, en moyenne, entre 1998 et 2005, cela n’a pas été le cas pour les métiers du BTP ni pour ceux de l’électricité et de l’électronique, déjà parmi les plus exposés”. Les auteurs concluent par une mise en garde : si le cumul des contraintes et des nuisances représente toujours un danger pour la santé des travailleurs, “l’exposition à un nombre limité de nuisances ne signifie pas que l’impact sur la santé sera limité si l’exposition est dangereuse”. Ainsi, par exemple, “les ouvriers du bois et de l’ameublement sont largement exposés aux poussières de bois, agent cancérogène”.

2. Les horaires atypiques s’accroissent globalement, tout comme la durée du travail
Les horaires atypiques ont connu, de 1998 à 2005, une évolution négative qui reflète les exigences accrues auxquelles sont soumises les organisations en termes de flexibilité. “De manière générale, le recours aux horaires atypiques s’est accru et les durées de travail se sont allongées. 13 % de la population disait travailler plus de 45 heures par semaine en 1998 contre 17 % en 2005”, note l'étude. Les métiers plus touchés sont “les techniciens et agents de maîtrise des industries de process ; les ouvriers qualifiés du textile et du cuir et les ouvriers des industries graphiques ; les cadres des transports, de la logistique et navigants de l'aviation ; les caissiers, employés de libre-service ; les bouchers, charcutiers, boulangers ; les cuisiniers, employés, agents de maîtrise de l'hôtellerie et de la restauration ; les patrons, cadres d'hôtels, cafés, restaurants, ainsi que les agents de gardiennage et de sécurité”.

3. Des rythmes de travail fortement soumis à la pression de demandes extérieures
“Dans l’ensemble, les contraintes de rythme restent en moyenne assez nombreuses” , notent les auteurs. Ils précisent que, “si les contraintes de rythme automatiques sont peu importantes dans l’ensemble (10 %), les travailleurs déclarent bien plus souvent des contraintes de rythme imposées par la demande extérieure, exigeant une réponse immédiate (54 %). Enfin, plus de 25 % se disent travailler habituellement dans l’urgence ou sous une contrainte de rythme imposée par la hiérarchie”. Pour évaluer l'impact de ces rythmes sur la santé, notamment psychologique, des travailleurs, il faut toutefois croiser ces données avec les marges de manœuvre dont ils disposent, le cumul de rythmes soutenus et de faibles “ latitudes décisionnelles” étant la configuration la plus pathogène. Cela explique que les rythmes intenses sont généralement mieux vécus à mesure que l'on monte dans la hiérarchie des organisations. En effet, “les métiers faisant apparaître les marges de manœuvre les plus faibles sont plutôt des familles professionnelles d’ouvriers”.

4. Une charge émotionnelle frappant essentiellement les professions en contact avec le public et la souffrance
Le contact avec la souffrance et des relations avec le public, les collègues ou la hiérarchie, parfois conflictuelles, peuvent constituer des facteurs d'un réel mal-être au travail et ont été retenus comme une des dimensions des risques psychosociaux. Selon l'étude, “les situations de tensions notamment avec le public sont assez répandues : 42 % des actifs occupés y sont confrontés. En revanche, les tensions avec les supérieurs hiérarchiques ou les collègues sont moins fréquentes”. Sans surprise, les familles professionnelles les plus exposées sont les aides-soignantes ; les professionnels de l’action sociale, de l’action culturelle et les enseignants.

Pour aller plus loin : L'étude “Conditions de travail, organisation du travail et usages des TIC selon les métiers” par Tristan Klein Kim Long, est téléchargeable librement sur le site internet du Centre d'analyse stratégique à l'adresse suivante : www.strategie.gouv.fr/content/dt-2013-03-conditions-de-travail-organisation-du-travail

Source (La rédaction de Point Org Sécurité)

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