Une enquête diligentée par le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) du site de Toulouse montre que 83% des salariés ont ressenti l'impact de la situation sur leur état physique et 98 % sur leur état mental, a déclaré jeudi à l'AFP le secrétaire du CHSCT, Laurent Besson-Imbert. Les dommages collatéraux sociaux de la partie de Monopoly de Chris Viehbacher sont là. Pendant ce temps et plutôt que de s'occuper de son entreprise en souffrance, le patron du groupe multiplie les opérations de lobbying. Un Chris Viehbacher aux dents blanches mais aux mains sales qui tisse sa toile d'influence avec les grands de ce monde (d'en haut) grâce à l'appui de son conseiller spécial en lobbying, Daniel Vial.
Le 7 mars 2013, dans l'auditorium feutré du 54 rue de la Boétie, une quizaine d'ambassadeurs, une dizaine de ministres conseillers (Algérie, Chine, Ukraine, ...) et une centaine de cadres de Sanofi se sont pressés pour assister à une conférence d'Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE. (Source : Enjeux - Les Echos - Avril 2013). L'article des Enjeux décrit les opérations de lobbying intensives menées par Daniel Vial, actuellement mis en cause en pleine affaire Cahuzac pour ses mises en relations suspectes entre labos pharmaceutiques, et acteurs politiques influents. La conférence porte sur les dérapages des dépenses de santé. Une conférence qui ne mentionnera jamais Sanofi. Une conférence qui plait aux politiques. Une conférence au doux parfum d'indépendance. Une conférence désintéressée. Une conférence pour améliorer la société. Mais une conférence qui se tient ... dans les locaux du siège mondial de Sanofi !
En s'affichant publiquement en ce moment avec Vial, au moment ou celui-ci ne cesse d'être associé aux opérations financières de Jérôme Cahuzac, Chris Viehbacher prend des risques énormes pour renforcer ses appuis politiques. Et il en a bien besoin pour obtenir le soutien passif d'un gouvernement socialiste pour tolérer des vagues de licenciements alors que l'entreprise a une santé florissante. Attention à la bôme lorsque le vent changera de sens. C'est un coup à se la reprendre dans la tête !
Pendant ce temps, les autres, ceux qui pensent que Sanofi mérite mieux qu'être considérée comme un hôtel rue de la Paix, souffrent. L'état de santé des salariés de Sanofi s'est dégradé en huit mois depuis que plane la menace d'une fermeture du site toulousain. Les résultats de 2 enquêtes internes ont été présentés :
Selon une étude du CHSCT, présentée à la mi-mars, à laquelle ont participé la majorité de salariés du site (68%), 83% des salariés ont connu un impact sur leur état physique (83 %) ou mental (98 %) : mal de dos, variation de poids, malaises mais aussi troubles du sommeil (pour 303 soit 73 %), état d'anxiété (pour 225), crises d'angoisses (pour 65)... La moitié des employés interrogés ont changé leur comportement alimentaire ; 20 % ont avoué consommer plus de tabac et d'alcool et 34 % prendre des psychotropes, antidépresseurs ou somnifères. Enfin, 30 % ont recours aux anxiolytiques pour aller travailler.
Selon le CHSCT, "les niveaux de stress et d'anxiété ont doublé et les arrêts de travail ont bondi : ils concernent une personne sur trois".
L'entreprise est malade. Les salariés de Toulouse souffrent.
Ces résultats ont été confirmés par l'Observatoire médical du stress, de l'anxiété et de la dépression mis en place par la direction.
Contactée, la direction a répondu par la voix du médecin coordinateur des risques psychosociaux dans le groupe. « Ces résultats nous préoccupent », reconnaît le docteur Dominique Renaud qui fait valoir une longue liste de mesures : l'existence d'un service de santé sur le site, d'une formation continue des personnels de santé sur ces problèmes, comme des équipes de direction, la mise en place d'une cellule psychologique, de groupes de parole et d'un numéro vert. (Source : La Dépêche)
Heureusement, la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine semble plus se préoccuper des salariés du Groupe que la direction. Elle estime que le groupe pharmaceutique Sanofi ne doit pas abandonner son centre de recherche de Toulouse et a jugé "absolument nécessaire" que la direction ait "un dialogue approfondi" avec les syndicats. "Sanofi ne doit pas quitter Toulouse, Sanofi est un atout pour Toulouse, et c'est le sens de l'action du gouvernement aujourd'hui", a déclaré Marisol Touraine lors de la séance des questions cribles au Sénat. (Source : Le Figaro)
Rares sont en ce moment les politiques et les élites qui se positionnent contre la direction de Sanofi, en faveur des salariés. Avec 3 milliards d'euros versés en dividendes en 2012, une santé boursière insolente, et en multipliant les partenariats à l'étranger, Viehbacher se fait mousser auprès des puissants au détriment des salariés de Toulouse.
Pour Viehbacher, les "amis" politiques sont surement de bien meilleure compagnie que ces bouseux de chercheurs incompétents qui refusent de considérer le plateau de jeu dans son ensemble... Les ingrats. Mais les cartes seront peut-être redistribuées prochainement si Daniel Vial tire celle qui envoie en prison sans passer par la case départ. Pas sûr alors que Viehbacher pourra compter sur ses "amis".
L'entreprise, elle, pourra compter sur ses salariés si elle ne les a pas chassés avant.
Source (agoravox.fr)
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