Les moustiques du métro parisien, désagréables mais pas dangereux

Posté le 2 août 2012 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctAvec les beaux jours, le calvaire recommence dans certaines lignes du métro parisien. Des moustiques, peu nombreux mais très vifs, profitent des tenues légères des passagers pour les piquer. Un fléau réel mais bénin, selon les spécialistes.
Jean-François Avena, président du bureau du syndicat Sud-RATP et conducteur de métro, confie qu'il emporte toujours son produit anti-moustiques. "Je me bombe les jambes, les poignets et le cou", raconte-t-il. Selon lui, ce sont surtout les agents en station qui se plaignent.
En 2008, le syndicat avait déposé une "alarme sociale" auprès de la RATP, mais M. Avena regrette que son alerte n'ait eu aucun résultat: "Je ne vois rien de fait depuis des années".

Michel Fayolle, élu de Sud au Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la RATP, juge le problème tout sauf anecdotique. "S'en affoler, non, mais il faut y penser", juge-t-il, ajoutant: "En 2008, nous avons été la risée de l'entreprise, mais aujourd'hui ça se confirme".

Selon lui, "tous les lieux ne sont pas concernés". Il a constaté que les stations construites sous des jardins sont les plus touchées. Et de citer notamment les sanitaires de la station Commerce (XVe arrondissement), envahis de moustiques.

En 2004 déjà, le député UMP Thierry Mariani avait évoqué le problème dans une question écrite à l'Assemblée nationale. Il avait interpellé le ministre des Transports de l'époque sur "la présence de moustiques dans le métro parisien", souhaitant savoir si l'on "envisage(ait) de faire effectuer une démoustication du réseau ferré parisien".

La réponse du ministère semblait éluder le problème: "Jusqu'à ce jour, aucun problème spécifique n'a été rencontré en raison de la présence de moustiques". La RATP avait néanmoins assuré avoir demandé à ses prestataires chargés du nettoyage d'appliquer "si nécessaire" un produit "à titre préventif".

Huit ans plus tard, la lutte anti-moustiques "fait partie du marché propreté", a-t-on assuré à la RATP, sans se montrer plus précis.

"Il n'y a eu aucune déclaration de maladie en lien avec les moustiques du métro", observe toutefois le Dr Christine Ortmans, responsable du département veille et sécurité sanitaire à l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France. "Ce n'est pas constitutif d'un problème de santé publique", pense-t-elle, en précisant que le phénomène ne fait pas l'objet d'une surveillance particulière.

Le Dr Anna-Bella Failloux, entomologiste médicale à l'Institut Pasteur à Paris, a étudié les moustiques qui sévissent dans le réseau souterrain. Il s'agit du moustique commun (Culex Pipiens), explique-t-elle, un insecte qui vit dans les endroits sombres ou sous terre. Pour se développer, il a besoin de petites quantités d'eau sale. Un creux près des rails ou un seau abandonné dans un tunnel constituent un terreau idéal pour les larves.

Le Culex Pipiens "ne présente pas de danger en réalité", assure-t-elle. Il n'est ni vecteur du paludisme, ni de la dengue, ni du chikungunya. En revanche, il est capable de transmettre le virus de la fièvre de la Vallée du Rift et le virus du Nil-Occidental (West Nile). Mais ces deux maladies, moins fréquentes que le paludisme par exemple, n'existent pas chez les humains en France.

"Il faudrait qu'au même endroit, à la bonne température, il y ait quelqu'un de malade et le moustique qui puisse transmettre", résume Anna-Bella Failloux. "Dans les faits, c'est quasiment impossible".

Quant aux réactions allergiques après des piqûres de moustiques, elles ne sont pas dues à des parasites, mais à la composition de la salive injectée par le moustique lors de la piqûre, explique-t-elle.

Les deux médecins reconnaissent en revanche que si l'un de ces deux virus était présent chez des personnes voyageant dans le métro, la propagation pourrait être assez rapide. Le moustique, une fois qu'il a intégré le virus dans son organisme, reste infectant toute sa vie (de trois semaines à trois mois) et transmet le virus à chaque fois qu'il "prend un repas de sang", tous les cinq jours, précise le Dr Failloux.

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