Les plans sociaux, c’est maintenant ?

Posté le 16 mai 2012 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

altL'élection présidentielle est terminée. Doit-on dès lors s'attendre à un « troisième tour social », une vague de licenciements dans les grands groupes, notamment industriels ? C'était en tout cas l'inquiétude de Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, relayé par François Hollande, entre les deux tours de l'élection. Trois jours après le second tour, qu'en est-il de cette « vague de plans sociaux », évoquée par le syndicaliste, qui devait survenir après l'élection ?

Aucun grand groupe n'a annoncé, depuis dimanche, des suppressions d'emploi massives. Mais plusieurs plans sociaux d'envergure sont en préparation, comme à Air France-KLM, Danone ou même Groupama. Demain, Carrefour réunit son « comité de groupe ». LA CFDT redoute un plan social qui pourrait entraîner la destruction de « 3.000 à 5.000 postes » sur 110.000, à raison de 20 postes dans chacun des 200 magasins en France, plus les sièges sociaux.

«Le pire se produira dans les semaines à venir » pronostique Mohamed Oussedik, secrétaire confédéral de la CGT sur les questions d'industrie. Pour le syndicaliste, des consignes de reports de plans sociaux pour cause de campagne électorale ont bien été données par le gouvernement même si « les directions démentent, évidemment ». Cela concerne, selon lui, surtout des entreprises détenues par l'État, ou dans lesquelles il a une participation.

« La situation est la même qu'au moment de la grande vague de destruction d'emplois de 2008-2009. Mais bizarrement, on n'a pas enregistré autant de demandes de plans sociaux », pointe le syndicaliste. Au début de l'année, la Dares, organisme du ministère du Travail, avait en effet enregistré 135 plans sociaux sur la période janvier-février, soit une baisse de 18% par rapport à 2011 alors que la situation économique reste «difficile». Les craintes de M. Oussedik concernent tous les secteurs de l'industrie, «excepté peut-être l'aéronautique».

François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, avait pour sa part évoqué des consignes qui auraient été données par Xavier Bertrand, le ministre du Travail, aux DRH de certains groupes pour qu'ils ne licencient pas pendant la campagne. Mis en cause, le ministre avait aussitôt nié. Mais selon le magazine Challenges, la Fnac, par exemple, a été priée de repousser son projet de licencier 500 employés, annoncé en janvier. D'autres entreprises ont subi l'intervention du gouvernement dès qu'elles ont annoncé, ou qu'a été révélé, un plan social en préparation.

«Tout pour sauver l'usine»

C'est entre autres le cas d'Areva, entreprise détenue à 87% par l'État. En novembre, l'AFP dévoile l'existence d'un « plan d'action stratégique » du groupe. Dès le lendemain, François Baroin, ministre des Finances, annonce qu'il n'y aura « aucune suppression de poste, aucun départ volontaire ». A la mi-décembre, le groupe annonce un gel des recrutements avec « départs naturels » de 1 000 à 1 200 personnes par an, soit 6 000 personnes d'ici 2016, qui passe soudainement à 250 personnes par an à la mi-avril dans la communication de l'entreprise.

Avec son usine d'Aulnay-sous-Bois, qui emploie quelque 3 100 personnes et fabrique la C3, PSA-Citroën est le principal employeur privé de Seine-Saint-Denis. Le groupe automobile est aussi détenu à 15% par l'État. La direction a affirmé que le site continuera de produire le modèle en question jusqu'en 2014, sans préciser ce qu'il en sera ensuite. En juin 2011, la CGT avait révélé « le plan secret de Monsieur Varin » le PDG de PSA, pour fermer le site dans les trois ans. Après la rencontre entre la direction et Nicolas Sarkozy en avril, ce dernier avait déclaré qu'il ferait « tout pour sauver l'usine ».

Mais pour d'autres observateurs, les entreprises n'ont pas eu besoin de consignes pour suspendre leurs plans sociaux le temps de la campagne. La mauvaise publicité et la peur de voir le gouvernement intervenir pour trouver à tout prix un repreneur, comme pour Lejaby et Photowatt, ont pu inciter certains à l'autocensure.

« Moi, je n'ai pas entendu d'amis DRH autour de moi me parler de consignes du gouvernement, déclare Jean-Christophe Sciberras, président de l'association nationale des DRH. La situation aujourd'hui n'est pas comparable à celle de 2008, quand la France était en récession, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Et quand on voit des entreprises de taille moyenne comme Petroplus se retrouver emportées dans un débat médiatique qui n'est pas le leur, on peut tout à fait comprendre que des entreprises plus grandes agissent avec prudence.»

 Source : Libération

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