Le Parlement italien votera ce mercredi, à la veille du sommet européen, la réforme tant attendue du droit du travail que Mario Monti, président du Conseil, qualifie d'«historique».
«C'est le point central de nos réformes structurelles », a-t-il affirmé devant le Parlement.Le gouvernement a engagé sa confiance sur quatre articles de cette loi controversée, avant le vote final, attendu en milieu de matinée. La nouvelle loi corrige les rigidités excessives contenues dans le texte qui régit le statut du travailleur en Italie depuis quarante ans!
La négociation avec le patronat, les syndicats et les partis politiques a été rude. En ouvrant la discussion en février, Elsa Fornero, la ministre du Travail, s'était fixé un mois pour parvenir à un accord. Il lui en a fallu plus de quatre pour boucler les discussions sans même parvenir à un consensus.
Faciliter les licenciements
Le nouveau président du patronat, Giorgio Squinzi, qualifie la loi de mauvais «navet », tandis que la patronne du puissant syndicat CGIL, Susanna Camusso, estime qu'elle «ne résoudra pas la précarité » des salariés.
L'article 18 sur les modalités du droit de licenciement a donné lieu à un véritable bras de fer. Le compromis intervenu est assez proche de la rupture conventionnelle en France. Salariés et entreprises peuvent, d'un commun accord, mettre fin au contrat de travail moyennant une indemnité équivalente à douze ou vingt-quatre mois du salaire.
Contrairement à ce que voulaient les syndicats, le travailleur licencié n'a plus le droit à une réintégration automatique - pratiquement la règle actuellement en cas de départ forcé, mais seulement dans le cas où le juge estime le licenciement «manifestement abusif» ou «totalement infondé» sur le plan économique. Emma Marcegaglia, patronne de la Confindustria jusqu'en mai dernier, s'est félicitée de la fin d'un «tabou social».
Le nouveau texte n'est pas uniquement d'inspiration libérale. S'il facilite les licenciements, il étend aussi la protection sociale aux catégories exclues des grandes conventions collectives, au nom du principe d'«universalité». Dans un pays où 90 % des entreprises emploient moins de dix salariés, la loi permettra d'étendre l'assurance-chômage à des millions d'employés qui en étaient jusqu'ici privés. C'est en particulier le cas d'un million de jeunes travaillant dans la précarité la plus totale.
Pour flexibiliser l'embauche, notamment des jeunes, un nouveau contrat de travail sera instauré, prévoyant une période d'apprentissage de trois ans. L'entreprise sera libre de licencier le salarié pendant cette période probatoire mais devra obligatoirement l'embaucher passé ce délai.
Cette disposition mettra fin à la kyrielle de petits contrats que les patrons reconduisent de trois mois en trois mois, sans aucune sécurité de l'emploi. La loi disciplinera aussi la jungle des contrats de travail (plus de 24) qui rendent le marché de l'emploi particulièrement chaotique.
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