Peut-on souffrir d'ennui au travail ?

Posté le 14 août 2012 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctPériode creuse. Pour les salariés restés au bureau cet été, les heures semblent bien vides et s'étirer à l'infini. Un mal qui touche tout le monde, y compris les rédacteurs web qui laissent alors fleurir les marronniers : "Trop chaud pour travailler ?", "Les gadgets de bureau les plus drôles" ou encore "Les meilleurs sites pour passer le temps au bureau". Au vu de la météo, notre coeur balançait entre les deux derniers sujets... Jusqu'à ce que nous tombions sur un terme inconnu : le boreout. Pas le burnout, ou syndrome d'épuisement professionnel, mais bel et bien le boreout. Comprendre syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui.

Un mal réservé aux paresseux ?

Mais comment peut-on s'épuiser à ne rien faire ? En effet, la définition du boreout est plutôt curieuse. Selon les deux inventeurs de cette notion, des consultants d'affaires suisses, ce syndrome trouve son origine dans le manque de travail, de défi, l'ennui et in fine l'absence de satisfaction et le désintérêt.

Ce n'est donc pas un mal réservé aux paresseux mais un état qui traduit l'insatisfaction professionnelle des salariés. Que ce soit par manque de responsabilités ou de sens à donner à leur travail, les victimes de boreout s'investissent alors de moins en moins dans leur tâche. Un état aussi dangereux que leburnout, le boreout mène également à un état de souffrance au travail.

L'ennui, un tabou au travail

Selon les auteurs de l'ouvrage ''Diagnose Boreout'', 15% des employés de bureau sont victimes de ce syndrome. Pour les personnes concernées, il est cependant difficile d'en parler. Au contraire et c'est bien normal, elles préfèrent le masquer de peur d'être sanctionné. Pour donner le change, les victimes adoptent des stratégies : simulation de l'engagement au travail, étirement de la durée des tâches...

Un problème qui pèse autant sur le moral des salariés que sur la bonne marche des entreprises. Une récente étude démontrait en effet que le bien-être et par extension la productivité des salariés dépendaient de leurs managers. Plus les employés sont autonomes, plus ils se sentent heureux, compétents et proches de leurs collègues. Pourtant, les entreprises se trompent souvent dans la réponse à apporter au boreout. Plutôt que d'améliorer les conditions de travail des collaborateurs, elle auraient tendance à renforcer les procédures de surveillances des salariés, en verrouillant par exemple leur accès à internet.

Des méthodes qui ne fonctionnent pas, jugent les deux consultants. "Le management basé sur une surveillance quasi-quotidienne des tâches du salarié, ce qu'on appelle plus communément le flicage est quelque chose que l'on ne recommande pas", confirme Nicolas Gillet qui a mené des études sur lespratiques managériales. Pour répondre efficacement à ce problème, les entreprises devront donc réinventer leur modèle d'organisation et mieux intégrer les salariés dans le processus décisionnel. De nouvelles pratiques attendues par la génération Y qui entend mener plus de projets en entreprise mais surtout continuer à apprendre et à progresser, diagnostiquent également les auteurs de ''Manager la génération Y, travailler avec les 20-30 ans''.

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