Atteintes aux libertés personnelles, discrimination, conditions de travail dangereuses pour la santé, comment mettre un terme aux pratiques managériales abusives ?
Les salariés d'un groupe américain de vente de vêtements (Hollister), qui a ouvert des magasins en France depuis fin 2011, se sont réunis pour dénoncer les pratiques de leur employeur. La liste des accusations est longue : cadre de travail dangereux, atteinte à la vie privée, non-respect du temps de travail maximal, discriminations physiques et en raison de l'âge, …
La discrimination commence dès la phase de recrutement : lors des entretiens, les futurs vendeurs (appelés "modèles") sont pris en photo sous toutes les coutures. "J'ai vu faire la directrice du magasin : elle regarde les photos sur son ordinateur et dit "oui, non" sans jeter un œil au CV" témoigne un des salariés. Le contrôle de l'apparence physique continue après l'embauche. Par exemple, le règlement intérieur détermine notamment la longueur standard des ongles des mains et interdit aux salariées de porter du rouge à lèvres.
Mais les plaintes qui ont été déposées par certains des salariés concernent davantage les conditions de travail difficiles et la méconnaissance du droit du travail. En effet, les salariés sont soumis en permanence à des "pressions" qui sont a priori anodines, mais qui rendent les conditions de travail difficiles, comme la musique très forte qui est diffusée toute la journée dans les magasins.
Les salariés dénoncent également l'interdiction de "fraterniser" qui leur empêche "d'avoir des interactions sociales ou romantiques en dehors du lieu de travail".
Des restrictions sont également émises par la direction du groupe quant à la tenue vestimentaire des employés. Ces derniers sont priés de se vêtir avec les modèles proposés en magasin – qu'ils doivent s'acheter avec leur salaire - sous peine de se faire licencier. "L'ensemble de ces restrictions pourrait constituer une atteinte assez forte à la liberté de se vêtir" constate Loïc Lerouge, juriste spécialiste des risques psychosociaux.
La durée maximale de travail n'est pas non plus respectée : des salariés embauchés à temps partiel, avec des contrats de 10 heures hebdomadaires, pouvant travailler jusqu'à 50 heures par semaine et dont certains commencent à travailler dès 5 heures du matin. Des heures, qui plus est selon les salariés, n'apparaissent pas sur les bulletins de paie.
"Info-plus" Le pouvoir des représentants du personnel pour lutter contre les pratiques abusives de l'employeur
Toutes les restrictions que l'employeur apporte aux droits des personnes – comme celui de se vêtir à sa guise – doivent être proportionnées au but recherché. Lorsque ces atteintes sont excessives et abusives, ou en présence de discriminations, les délégués du personnel peuvent saisir l'employeur et lui demander de prendre les mesures nécessaires pour faire cesser la situation, à l'issue d'une enquête, à laquelle le délégué du personnel doit être associé.
Si l'employeur ne prend pas les mesures qui s'imposent, le délégué du personnel peut exercer une action en justice auprès du Conseil de prud'hommes.
Par ailleurs, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) intervient pour protéger la santé et la sécurité des salariés et améliorer leurs conditions de travail. Les membres du comité peuvent, par exemple - dans le cadre de visites d'inspection – se rendre sur les lieux de travail des salariés afin d'observer et d'analyser les conditions de travail. Toute anomalie ou infraction constatée fait l'objet d'un rapport écrit par le CHSCT, qui propose notamment des actions de prévention.
Source (Lepoint.fr)
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