Restauration collective : il y a le feu en cuisine !

Posté le 23 janvier 2014 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

Alerte dans la restauration collective : les agents territoriaux sont particulièrement exposés aux risques professionnels physiques et psychologiques. Une nouvelle étude souligne leur état de tension permanente. Des conditions qui s'ajoutent à la précarité de la situation personnelle de ces travailleurs, à 90% des femmes.

Glissade, chute, basse température : jamais cuisine centrale n'aura autant ressemblé à une piste de ski. Ce sont en effet les principaux risques ou facteurs de risques professionnels des agents territoriaux de la restauration collective observés dans une récente étude de l'Observatoire social territorial (OST). Passer du temps dans une cuisine expose ainsi au pire, constate le rapport. C'est l'expérience faite chaque jour par les 90 000 agents de ce secteur soumis également aux risques chimiques (avec les produits nettoyants), de brûlure, de coupure, de troubles musculo-squelettiques car contraints au port de charges lourdes. La liaison froide oblige aussi les agents à travailler dans des températures parfois négatives qui peuvent provoquer des troubles de la circulation du sang. Le tout dans une cuisine qui s'organise tel du travail à la chaîne, comme pour le conditionnement, et parfois dans des locaux peu adaptés.

Haut niveau de contraintes de sécurité

"Avec des horaires de services restreints, ces conditions provoquent une tension permanente pour assurer un rythme soutenu de production", note l'OST, une instance de la Mutuelle nationale territoriale. En clair : les risques et pathologies liées aux métiers de la restauration collective territoriale battent des records. Et cette liste est tellement longue, qu'en contrepartie, l'emploi d'agent polyvalent de restauration est celui de la catégorie C (exigeant le niveau de diplôme le plus bas dans la fonction publique) qui comprend le plus grand nombre de contraintes de sécurité sanitaire.

Des femmes à temps partiel, en situation monoparentale, pauvres

La charge est ainsi particulièrement lourde pour ces agents rendus par ailleurs "très vulnérables", poursuit l'OST, car ils sont "nombreux à avoir été recrutés sur des critères sociaux, à temps partiel". Ces agents sont essentiellement des femmes (90%) en difficultés sociales et économiques, isolées en situation monoparentale. "Celles-ci recourent moins aux examens de prévention et renoncent à des soins plus souvent que les hommes, essentiellement pour des raisons financières", observe l'auteur.

De plus en plus de démarches qualité

Il faut aussi ajouter les affects psychologiques en lien avec leur métier, précisément aux contraintes d'hygiène, à la gestion des allergies des enfants notamment ou encore des interdits religieux - avec des règles très strictes et sans marges de manœuvre. Elles sont enfin soumises aux conséquences de l'absentéisme, alors que le travail à fournir est le même quel que soit le nombre d'agents. Un atout, cependant, sur cette longue liste noire : la restauration scolaire est devenue "une véritable vitrine" de la politique communale. Depuis les années 90, de nombreuses démarches qualité ont ainsi été mises en place (la charte nationale qualité, la méthode "HACCP, la norme NF X50-220 "service de la restauration scolaire, etc.). Les élus locaux ont en effet compris l'importance des cuisines scolaires, commente l'observatoire.

Des solutions suffisantes?

Dans son rapport, l'OST propose quelques pistes pour tenter d'améliorer la situation de ces agents. Il suggère notamment d'éviter les situations de sous-effectifs en cas d'absentéisme, d'utiliser le document unique de sécurité, de veiller au port des équipements de protection individuelle, surtout des gants, d'améliorer l'ergonomie des installations, des matériels et de limiter le port de charges lourdes. L'OST se penche enfin sur le volet plus personnel de ces travailleurs, en incitant l'accompagnement des agents les plus précaires, en anticipant leur reclassement et, point moins attendu, en luttant mieux contre l'obésité et le surpoids de certains d'entre eux. L'urgence est prégnante : dans les rangs de la restauration collective figurent en effet les agents territoriaux les plus âgés.

Source : (actuel-hse.fr) par Rosanne Aries

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