Routier au bord de la crise de nerfs

Posté le 22 mars 2013 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctSOISSONS (Aisne). Un chauffeur routier a voulu mettre fin à ses jours en utilisant son camion. Un syndicat dénonce un climat délétère chez Dentressangle. Le directeur régional a convoqué un CHSCT.

« J'AI craqué », souffle ce chauffeur routier. « Ma femme m'a dit que j'avais encore reçu un courrier de Norbert Dentressangle. Alors, j'ai voulu mettre fin à mes jours avec mon camion. Je voulais être tranquille. Je sais bien que c'est égoïste, je ne pense qu'à moi. »

"Aucun respect"

C'était il y a quelques jours. Le routier se confie au téléphone. C'est lui qui nous a contactés. Il veut faire connaître son histoire. Nous ne citerons pas son nom, compte tenu des sanctions disciplinaires dont il a déjà fait l'objet et de sa fragilité psychologique. Il habite dans le département du Maine-et-Loire et travaille pour la société soissonnaise United Savam, groupe Norbert Dentressangle, depuis près de dix ans.
Depuis l'été dernier, après une sanction disciplinaire pour une erreur qu'il a contestée, les échanges épistolaires avec sa direction n'ont pas cessé. Le dernier courrier date du 26 février. Une lettre recommandée. Une de trop pour le routier. Il était convoqué à un entretien préalable à une éventuelle sanction.

Inquiète de son discours lorsqu'elle le joint par téléphone, sa femme, à Angers, compose le 15. « Il était dans un état pitoyable. C'est le Samu qui l'a géolocalisé avec son téléphone portable », raconte Stéphane Cousin, délégué syndical FNTR (Fédération nationale des transporteurs routiers), qui l'accompagne depuis le début du conflit avec la direction, « Les secours sont venus le cueillir à son véhicule. Il était à bout. Il voulait mettre fin à ses jours. » Le chauffeur est ressorti de l'hôpital avec 15 jours d'arrêt maladie. Il doit revoir son médecin vendredi.

"Mal à l'aise"

« J'ai écrit plusieurs recommandés à M. Johann pour dire que ça allait mal finir. On nous a ri au nez », poursuit le syndicaliste. « On est devenu des morceaux de viande. Il n'y a aucun respect. On sanctionne pour un oui ou pour un non On ne licencie pas à la Savam. On pousse à bout, on écœure pour que le chauffeur parte de lui-même. »
Contacté, Renaud Johann, le directeur régional, répond sur ce sujet « en toute transparence » : « C'est quelque chose qui m'a fortement préoccupé. J'ai convoqué un CHSCT extraordinaire avec la médecine du travail de Soissons et l'inspection du travail de Soissons. La réunion aura lieu le 28 mars à 14 h 30. »

« Cette situation me met mal à l'aise », poursuit le directeur. « J'aimerais savoir ce qui a pu le mettre dans cet état-là. C'est un chauffeur qui n'a pas eu de souci pendant des années. » Si Renaud Johann reconnaît que « tout le monde est fatigué dans ce contexte économique », il précise qu'il « essaie de préserver l'emploi et l'emploi français et l'effectif est resté constant depuis le début de la crise. Ce que ressentent les gens, ce sont des méthodes de travail différentes, mais on se bat pour être encore là. »

Source (lunion.presse.fr)

Espace CHSCT, plateforme N°1 d'information CHSCT, édité par son partenaire Travail & Facteur Humain, cabinet spécialisé en expertise CHSCT et formation CHSCT