L'hôpital et l'aide à domicile, malades du stress au travail. Des besoins criants en infirmiers. Des spécialitésde médecine enpanne de praticiens. Aurélie Dehay, Viviane Le Thomas (Maison de l'emploi) et Françoise Le Bossé (Pôle Emploi) ont pris le pouls du secteur sanitaire et social en Trégor-Goëlo.
Dans quel objectif la Maison de l'emploi et de la formation professionnelle du Pays du Trégor-Goëlo (MDEFPTG) a-t-elle mené son diagnostic sur les besoins et carences du secteur?
Départs à la retraite, vieillissement de la population, démographie croissante sur le littoral: de multiples facteurs viennent aggraver la pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur sanitaire et social. Afin d'anticiper les évolutions et mutations des emplois et des compétences, le Service public de l'emploi local (Spel) que préside le sous-préfet de Lannion, souhaitait avoir une vision plus précise des métiers sous tension. La MDEFPTG a été chargée de cette enquête inédite, qui a duré six mois, de juillet à décembre.
Quel accueil avez-vous reçu?
Excellent. Sur les 165 structures et 630 professionnels sondés, 22% (20% en ce qui concerne les praticiens libéraux) ont complété et retourné le questionnaire, ce qui est très satisfaisant. En milieu hospitalier et en Ehpad (Établissements d'hébergement des personnes âgées dépendantes), des soignants nous ont même devancés pour participer aux entretiens individuels et témoigner des difficultés éprouvées dans l'exercice de leur métier.
Quels sont les principaux enseignements que vous tirez de cette enquête?
Sept métiers sont identifiés «sous tension» et sujets aux problèmes de recrutement. Il s'agit des infirmiers (toute l'année), des aides-soignants (avec des pics en périodes de remplacements de congés), des médecins salariés des hôpitaux, des masseurs-kinésithérapeutes, des orthophonistes et, plus inattendu, des aides médico-psychologiques.
On évoque fréquemment le manque de personnel dans les services qui travaillent auprès des personnes âgées...
C'est une réalité, dans les services de gériatrie des hôpitauxcomme dans les structures d'accueil médicalisées. Les professionnels interrogés nous ont dit combien ce manque de moyenspouvait parfois affecter le fonctionnement de leurs services.
L'étude a-t-elle révélé des carences que vous ne soupçonniez pas?
On savait que le Trégor-Goëlo avait besoin d'aides à domicile et de secrétaires médicales, mais les besoins exprimés au cours de l'enquête visent expressément des professionnels diplômés. En l'occurrence, il n'y a pas d'établissement sur notre territoire qui forme des secrétaires médicales à bac+2.
Dans quelle forme avez-vous trouvé les 16% de population active du territoire qui travaillent dans le secteur sanitaire et social?
Les conditions de travail sont difficiles. En milieu hospitalier, où les arrêts de travail durcissent encore les conditions de ceux qui tiennent le coup. Mais aussi, pour les aides à domicile aux interventions écourtées et dont le temps de transport, d'une maison à l'autre, n'est pas comptabilisé comme temps de travail. Résultat: les métiers qui ont le plus besoin de recruter sont aussi ceux soumis à un rythme et à un stress qui les rendent peu attractifs...
N'y a-t-il pas, en plus, un problème d'attractivité lié au territoire?
Il semble évident que le Trégor-Goëlo est pénalisé par l'absence d'un Centre hospitalier universitaire (CHU). Les étudiants en médecine sont davantage tentés de s'installer, proches de l'endroit où ils ont effectué leur internat et tissé un réseau. Excentré par rapport à Rennes et Brest, le Trégor-Goëlo pâtit de sa représentation «loin de tout». Les soignants craignent de ne pas y trouver toute l'offre scolaire ainsi que des modes de garde adaptés, à horaires décalés, pour leurs enfants. Pratique Les résultats de l'étude seront présentés le 2février, de 9h30 à 12h, dans les locaux de LTA, aux professionnels et aux élus.
source: letelegramme.com
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