Santé. L’infobésité, le nouveau fléau des entreprises

Posté le 4 septembre 2012 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctL’infobésité, traduction de l’anglais « information overload », l’« infobésité » se définit comme « la pathologie de la surcharge informationnelle », explique Caroline Sauvajol-Rialland, maître de conférence à l’Université Catholique de Louvain et à Sciences Po Paris.

Responsable de stress

Principal responsable, le courrier électronique devenu l’outil de travail et de communication dominant en entreprise. « C’est une vrai souffrance.  Cela met les personnes en situation d’angoisse constante, d’inquiétude, de frustration parce qu’elles n’arrivent pas à suivre ce flot continu, qui, du coup, entraîne un sentiment d’impuissance et un fort stress », assure la chercheuse. « Nous sommes à la fois des récepteurs et des utilisateurs d’information, mais également des émetteurs d’information, donc à la fois les premières victimes de cette surcharge, mais aussi les principaux acteurs », relève-t-elle.

 

À titre d’exemple, elle cite deux formes de mail en pleine expansion : « le mail parapluie, 'je me protège', et le mail de visibilité, 'je suis le plus beau, le plus fort et j’ai obtenu cela' ».

Chercheur au CNRS, Thierry Venin observe que « l’urgence succède à l’urgence ». « Dès qu’on a reçu un mail, il 'faut’y répondre sinon celui qui vous l’a adressé vous appelle en vous disant 'tu n’as pas reçu mon mail ?'. Une minute de libre ? Vite, un coup d’œil sur la messagerie pour voir si rien n’est arrivé ! Il y a aussi un côté addictif », prévient-il.

Le temps compté

Dans une enquête sur le stress au travail, réalisée pour la CFE-CGC, plus de 80 % des personnes interrogées estiment que les outils électroniques accroissent les informations à traiter et imposent des temps de réponse toujours plus courts.

Neuf cadres sur dix estiment également qu’ils doivent travailler trop vite. Le fait d’être « fréquemment interrompu dans son travail » est le facteur de stress le plus important pour 74 % des salariés.

« Un cadre est interrompu dans une fourchette de temps entre 2 et 8 minutes. C’est presque la torture de la goutte d’eau », affirme Thierry Venin.

Pour lui, l’entreprise fournit de plus en plus de moyens de connexion (smartphones, extranet…), mais « lâche les gens sur l’autoroute de l’information sans aucun code de la route ». Or, « il faut des règles ». L’Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises (Orse) a publié fin 2011 une charte incitant les entreprises à mieux maîtriser la messagerie électronique qui « peut devenir un outil dévastateur ».

Journée sans mail

Conscients du problème, EDF, la Société générale et le groupe Casino conseillent par exemple de « préférer le face à face au mail ». Chez Canon France, une fois par trimestre, les 1 800 collaborateurs sont incités à une journée sans mail afin de privilégier les échanges.

Selon l’Orse, 56 % des utilisateurs consacrent plus de deux heures par jour à la gestion de leur boîte mail et 38 % reçoivent plus de 100 messages par jour. 65 % déclarent vérifier leur messagerie toutes les heures mais le font en réalité bien plus souvent, parfois toutes les cinq minutes.

Source (Ouest France)

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