Sarkozy peste contre les syndicats et prône un "nouveau modèle social"

Posté le 2 mai 2012 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

PARIS (AP) — Nicolas Sarkozy a fustigé mardi les syndicats et prôné un "nouveau modèle social français", lors d'une "vraie fête du travail" organisée par l'UMP comme un contre-feu aux traditionnels défilés du 1er mai qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de ses partisans place du Trocadéro à Paris.

Le rassemblement a bénéficié d'une scénographie réussie, une foule compacte s'étant rassemblée sur la place -de dimension nettement plus modeste que la Bastille ou la Concorde- où une estrade a permis au président-candidat de prononcer son discours avec la Tour Eiffel pour arrière-plan, rendant hommage à une "marée immense de drapeaux tricolores".

Alors que son adversaire socialiste, François Hollande, a rendu "hommage à tous les syndicalistes de France, à celles et ceux qui, humblement, modestement, défendent les travailleurs" mardi à Nevers (Nièvre), le président sortant a commencé son discours en critiquant violemment les syndicats pendant une dizaine de minutes.

"Je n'accepterai jamais de recevoir des leçons de morale de la part de ceux qui brandissent le drapeau qui a été l'étendard de tant de tyrannies à travers le monde et qui a enveloppé dans ses plis parmi les plus grands crimes de l'histoire!", a-t-il lancé.

Avant de faire lui-même la leçon: "Je le dis aux syndicats: posez le drapeau rouge et servez la France. (...) Votre rôle n'est pas de défendre une idéologie, votre rôle est de défendre les salariés et de défendre le travail. Rappelez vous votre mission, ne la trahissez pas".

"Nous nous considérons comme acteurs du progrès social autant que vous et sans doute même davantage que vous. Vous avez abîmé le travail en prétendant le défendre, vous avez appauvri les travailleurs en prétendant les protéger", a-t-il critiqué, citant les 35 heures et la retraite à 60 ans.

"Dans la République, ce ne sont pas les syndicats qui gouvernement, c'est le gouvernement", a-t-il asséné.

Nicolas Sarkozy a développé sa conception d'un "nouveau modèle social", "où les syndicats, au lieu d'être une force de conservation, seront une force de transformation sociale, où la négociation collective descendra jusque dans l'entreprise, où il sera possible avec l'accord de tous, de déroger aux règles générales quand le carnet de commande de l'entreprise l'exigera".

Détaillant son programme, il a insisté sur le travail "reconnu comme une valeur", qu'il entend "protéger". "Augmenter les salaires et diminuer le coût de travail, voilà le défi immense des cinq années qui viennent", a-t-il exposé. Il s'est aussi posé en défenseur du "patrimoine", "parce que ce qu'elle possède, la France du travail, elle l'a gagné".

"Nous ne voulons pas de la jalousie", de "l'égalitarisme", de "l'amertume", de la "haine", de la "lutte des classes" ni du "socialisme", a-t-il lancé, devant son épouse Carla Bruni-Sarkozy, de nombreux membres du gouvernement, dont le premier ministre François Fillon, ainsi que Rama Yade, son ex-ministre partie suivre Jean-Louis Borloo au Parti radical, et Rachida Dati, l'ancienne garde des Sceaux qui avait été sa porte-parole en 2007.

Au président sortant qui s'est donné "trois jours pour convaincre", les militants et sympathisants ont répondu par le slogan "On va gagner! On va gagner!".

"Je suis venue soutenir Nicolas Sarkozy pour montrer que rien n'est joué", a affirmé Laurence Mathé, une Parisienne qui a voté pour le centriste François Bayrou au 1er tour. Selon elle, la victoire est possible si se mobilisent dimanche "tous ceux qui ont voté pour un autre candidat, mais qui font le choix d'une France avec les valeurs de Nicolas Sarkozy".

Eric Justice, 35 ans, venu d'Asnières "pour être acteur d'une bonne surprise historique", a souligné que la courbe des sondages "recommence à s'inverser" et que "les fourchettes (de marge d'erreur, NDLR) se chevauchent".

"Le discours, contrairement à ce qu'on dit, il est pas devenu nazi. Il est calibré, il est équilibré", a-t-il estimé. AP

 Source : le nouvel obs

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