Suicides à France Télécom : un document accablant pour la direction

Posté le 22 mai 2013 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctUn document interne de France Télécom datant de 2006 et relayé mardi 7 mai par Le Parisien témoigne de la violence sociale à l'époque au sein de l'entreprise, actuellement visée par une enquête judiciaire concernant une vague de suicides en 2008 et 2009.

Le quotidien rend public un fac-similé d'un compte-rendu d'une réunion d'octobre 2006 de l'Acsed, l'association des cadres de France Télécom, deux ans avant le premier des 35 suicides aujourd'hui examinés par la justice.

DES DÉPARTS "PAR LA FENÊTRE OU PAR LA PORTE"

Selon ce document, l'ancien PDG Didier Lombard aurait déclaré : "Il faut qu'on sorte de la position mère poule. [...] Ce sera un peu plus dirigiste que par le passé. C'est notre seule chance de faire les 22 000" suppressions de postes programmées dans le cadre du plan Next, qui visait à réduire les effectifs entre 2006 et 2008.

Le Parisien explique qu'il existe deux versions de ce document. Dans la version originale, M. Lombard indique : "En 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre, par la fenêtre ou par la porte." Cette version a ensuite été édulcorée pour devenir : "En 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre."

D'après le quotidien, la secrétaire de l'Acsed aurait indiqué aux policiers ne plus posséder la version originale car ses responsables lui auraient demandé de la détruire. Le Parisien rapporte que les anciens dirigeants de France Télécom assurent n'avoir donné aucune directive et estiment que les documents ne sont pas crédibles.

"UNE TRANSCRIPTION DE LA VIOLENCE SOCIALE"

"Ces documents sont la transcription de la violence sociale que nous avons vécue et c'est ça qui est nouveau", a réagi de son côté Sébastien Crozier (CFE-CGC), précisant en avoir pris connaissance par la presse. Il a jugé "interpellant le fait qu'il y ait une atténuation des propos" car cela montre "qu'il y a des gens qui ont pris conscience de l'étendue des dégâts" à l'époque.

Selon Frédéric Benoist, avocat du syndicat, partie civile dans l'enquête, les juges d'instruction ont aujourd'hui "suffisamment d'éléments pour démontrer que les infractions" qui font l'objet des poursuites, c'est-à-dire le harcèlement moral, sont "caractérisées". Mais l'avocat dit surtout espérer que le tribunal correctionnel sera prochainement saisi sur des motifs qui "reflètent plus la réalité du dossier", c'est-à-dire la mise en danger de la vie d'autrui.

Dans le cadre de l'enquête judiciaire sur les suicides, Didier Lombard, deux autres responsables et France Télécom, en tant que personne morale, ont été mis en examen pour harcèlement moral en juillet dernier.

Source (LeMonde.fr)

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