Travailleurs saisonniers : renforcer l'effort de prévention

Posté le 11 juillet 2013 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctDans de nombreux secteurs, la période estivale correspond à un pic d'activité. Pour y faire face, l'emploi de travailleurs saisonniers constitue le principal recours.
Chaque année, plus d'un million de personnes viennent ainsi renforcer les effectifs des entreprises, dans des domaines aussi variés que le tourisme, l'agriculture ou le spectacle. Si les travailleurs saisonniers forment une population très hétérogène, ils partagent cependant une caractéristique commune : une vulnérabilité importante face aux risques professionnels.

Quand l’heure des vacances sonne pour une majorité de français, plusieurs centaines de milliers de travailleurs saisonniers entrent en action. Qu’ils soient barmen, cuisiniers, plagistes, ouvriers agricoles, animateurs ou encore techniciens du spectacle, ces salariés constituent une main d’oeuvre précieuse et indispensable pour assurer le bon fonctionnement des entreprises lors des périodes d’activité intenses. Si travailler au rythme des saisons, en bord de mer, à la montagne ou dans les champs peut apparaître comme un sort enviable, la réalité est loin d’être idyllique. En effet, travail saisonnier rime parfois avec précarité, difficultés de logement ou de transport, horaires décalés, pression… Les travailleurs saisonniers sont aussi particulièrement exposés aux risques professionnels. À l’instar des intérimaires, ils sont plus souvent victimes d’accidents du travail que les salariés permanents. Les risques varient selon les secteurs : chutes de plain pied (commerce, restauration, hôtellerie, campings), coupures ou brûlures (restauration), accidents avec des machines agricoles, coupures et chutes de hauteur (agriculture). Les troubles musculosquelettiques (TMS), notamment liés au travail répétitif, peuvent également apparaître.

Travailleur saisonnier, une population à risque

La sinistralité observée résulte de plusieurs facteurs. Comme tous les nouveaux embauchés, les travailleurs saisonniers n’ont souvent qu’une connaissance partielle de leur environnement de travail et sont parfois peu formés à leur poste. Ils peuvent donc sous estimer ou ignorer certains des dangers présents. De plus, ces salariés sont embauchés sur les périodes où l’activité de l’entreprise est maximale. Ils sont ainsi exposés sur une période plus courte mais de façon beaucoup plus intense aux risques professionnels. Ils sont par ailleurs soumis à une forte pression temporelle qui les place dans l’obligation de répondre à de très fortes exigences en termes de rythme de travail. Cela représente une charge importante, à la fois physique et mentale, qui conjuguée à de longues journées de travail ou à des horaires atypiques, peut générer une fatigue importante, source d’erreur ou de mauvaise appréciation du danger. Il est d’ailleurs à noter que si les accidents du travail sont plus fréquents lors des premiers jours d’emploi, ils sont généralement plus graves en fin de contrat. Les contraintes liées à leur travail incitent parfois les saisonniers à consommer des produits psycho actifs (alcool, cannabis, cocaïne...), qu’il s’agisse de supporter des conditions de travail difficiles ou encore de se détendre après une journée éprouvante. Le phénomène concerne principalement le secteur du tourisme. Enfin, d’une façon globale, les saisonniers manquent d’information en santé et sécurité et leurs employeurs ne sont pas toujours bien conscients de leurs obligations notamment pour ce qui concerne l’évaluation des risques.

Préparer l’accueil

En matière de prévention, les employeurs ont un rôle majeur à jouer. Il est important de rappeler qu’ils ont les mêmes obligations vis-à-vis des salariés saisonniers que vis-à-vis des travailleurs permanents, cela inclut la mise en place d’un suivi auprès des services de santé au travail. Les employeurs sont également tenus d’assurer à leurs saisonniers une formation pratique à la sécurité dès leur arrivée dans l’entreprise. Cela suppose au préalable que les employeurs aient une bonne connaissance des risques liés à leur activité et des mesures de prévention adaptées. L’évaluation des risques, formalisée via le document unique doit servir de guide pour mettre en place un dispositif d’accueil efficace. Il est essentiel de savoir prendre le temps d’accompagner le travailleur lors de ses premiers pas dans l’entreprise, de lui présenter son poste et son environnement et, surtout, de s’assurer qu’il soit informé des risques et qu’il connaisse les mesures de prévention à mettre en oeuvre. L’ensemble des données essentielles (fiche de poste, inventaire des risques, instructions à suivre en cas d'accidents, plan de circulation...) peuvent être consignées dans un livret d'accueil qui pourra également inclure des informations pratiques sur l'entreprise (plan d'accès, horaires, organigrammes). Il est également important d’anticiper en amont les impacts des pics d’activité sur l’organisation du travail et de procéder aux ajustements nécessaires. Dans la restauration, cela peut par exemple consister à modifier les zones de circulation ou l’aménagement des locaux pour éviter les collisions entre les membres du personnel. Pour les aider à préparer leur saison ainsi que l’accueil de leurs saisonniers, les entreprises peuvent s’appuyer sur les Carsat ou encore sur les services de santé au travail. Ils peuvent également trouver des ressources utiles auprès des Maisons de la Saisonnalité mises en place dans certaines régions. Ces lieux dédiés à l’accueil des saisonniers proposent en outre des informations pratiques sur les droits, le logement ou le transport des travailleurs...

Source (INRS)

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