Une employée d'Auchan tente de mettre fin à ses jours

Posté le 14 mars 2013 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctJe n'ai pas de soucis financiers ni personnels. Mais des soucis dus aux conditions de travail et managériales. Jeudi 7 mars, vers 10 h, une femme cadre du magasin Auchan-Châteauroux, en arrêt de travail depuis six mois pour dépression, s'est rendue en voiture sur le parking de l'hypermarché, s'est garée à l'emplacement B9. Là, elle a avalé quatre plaquettes de tranquillisants. Un symbole destiné à « désigner le responsable », selon elle. Cette femme de 39 ans, employée depuis seize ans chez Auchan et mère d'un petit garçon de 2 ans et demi, avait pris soin de rédiger trois lettres d'adieu. L'une adressée à ses parents, la seconde à son compagnon et la troisième à un délégué syndical de l'enseigne.

" Plus envie de me battre "

Prenant conscience de son geste, la chef de rayon avait fini par appeler à l'aide son collègue, Alain Lavaud, alors en livraison. « Elle peinait à parler. Quand je suis arrivé, je l'ai sortie de la voiture et l'ai prise sous un bras pour la faire marcher », indique ce dernier, encore sous le choc. Qu'est-ce qui a poussé cette salariée – qui a dû être hospitalisée pendant deux jours – à ce geste désespéré ? La cadre pointe du doigt des pressions managériales, la course à la performance. « On me répétait sans cesse : " On t'attend au tournant sur ton rayon ". » Une pression, accrue selon elle par la création du Drive Auchan et l'arrivée d'enseignes concurrentes à proximité. L'employée n'a pas supporté. Mais c'est une décision rendue par le Tribunal de grande instance de Châteauroux, la veille, qui l'a fait basculer. Depuis plusieurs mois, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) d'Auchan demandait que soit menée une expertise sur les risques psychosociaux au sein du magasin. Une demande que l'inspection du travail avait, par ailleurs, jugée « fondée et non de pure opportunité », dans un courrier du 16 novembre. Le directeur, Renaud Bonnet, s'y était opposé. Le 6 mars, le tribunal civil de Châteauroux lui a donné raison. « J'attendais beaucoup de cette décision de justice. Alors quand j'ai vu que je n'étais pas soutenue, je n'ai pas supporté. Je n'avais plus envie de vivre. Plus envie de me battre. » Informé le 7 mars au matin de cette tentative de suicide par ses équipes de sécurité, Renaud Bonnet, directeur d'Auchan-Châteauroux, assure se tenir informé de l'état de santé de son employée : « Même si je ne dispose que d'informations de seconde main, nous suivons sa situation. Croyez bien qu'on est touchés par ce qu'il lui est arrivé ». Sur la question de l'existence de pressions ou de harcèlement dont celle-ci aurait été victime, le directeur du magasin répond : « Suite à ses dénonciations, j'ai fait déclencher une enquête interne qui a été menée par le CHSCT. Or, la commission n'a pas conclu dans son rapport – rendu en réunion du 27 décembre 2012 – à un cas de harcèlement moral ».

En geste de soutien à son collègue, la section CFDT du personnel de l'hypermarché Auchan-Châteauroux a distribué des tracts, lundi, à l'ensemble des employés pour les informer de cette tentative de suicide. Un geste qui, selon elle, constitue « un signe très fort de souffrance au travail ».
Suite à cette tentative de suicide, le comité d'hygiène et de sécurité au travail du magasin tiendra une réunion extraordinaire, demain vendredi.

Source (lanouvellerepublique.fr)

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