Certains managers pensent encore qu'en mettant leurs collaborateurs sous pression, ils les pousseront à donner le meilleur d’eux-mêmes…
Or, comme vient de le démontrer une étude parue dans le Journal of Personality and Social Psychology et relatée par Le Figaro (30/05/2013), il n'en est rien ! En effet, après avoir suivi 65 étudiants pendant une période de 10 semaines incluant 15 jours d'examens, l‘équipe du Professeur Wendy Wood (ci-contre) de l'University of Southern California a remarqué “qu'en cas de forte pression, nos réflexes nous poussent à nous tourner vers le réconfort de la routine, quelle qu'elle soit”.
Le stress pousse à se réfugier dans les habitudes
Un phénomène que la scientifique explique ainsi : “Quand la volonté est réduite par le stress, il est plus aisé de se soumettre à ses réflexes ou habitudes plutôt qu'à débattre des avantages potentiels de solutions alternatives”. Et de souligner que le stress réduit voire annihile les principales qualités attendues des salariés dans un environnement économique changeant : la réactivité, l'esprit d'initiative ou encore la créativité. “Les habitudes persistent en cas de fatigue, lorsque l'on n'a pas assez d'énergie pour se contrôler. Une habitude ne demande ni motivation, ni réflexion, ni volonté”, dit-elle.
Interrogée par Le Figaro, Edith Salès-Wuillemin, professeur de psychologie sociale à l'Université Paris 8 décrit ainsi le processus psychologique à l’oeuvre : “Le stress naît d'un sentiment de perte de contrôle causé par l'écart entre la faiblesse des moyens à disposition et le but à atteindre. Au contraire, une habitude est une tâche que nous avons tellement répétée et optimisée que nous l'exécutons sans réfléchir, ce qui donne une impression rassurante de maîtrise”.
Le management par le stress doublement néfaste
L'étude réalisée par les chercheurs de l'University of Southern California vient donc confirmer ce qu'affirmaient déjà les experts en santé et sécurité au travail : le management par le stress n'est pas seulement néfaste pour les travailleurs qui le subissent. Il l'est également pour les organisations qui le mettent en oeuvre. Surtout dans une conjoncture économique favorisant les entreprises agiles capables de s'adapter rapidement aux fluctuations du marché et aux exigences de clients de plus en plus versatiles. On ne saurait donc mieux démontrer que l'identification, l'évaluation et la prévention du stress - notamment via le document unique - sont des démarches bénéfiques à la performance des organisations.
Pour aller plus loin : “How do people adhere to goals when willpower is low ? The profits (and pitfalls) of strong habits”, Journal of Personality and Social Psychology, Vol 104(6), juin 2013. Cet article peut être commandé sur le site de l'American Psychological Association : www.apa.org.
Source (altersecurite.org)
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