Migraines, troubles de la concentration et de la mémoire, vertiges et nausée, irritation de la peau, lésions des muqueuses du nez et des yeux, symptômes respiratoires et crampes musculaires, ou encore troubles de l'humeur et fatigue inhabituelle sont quelques-uns des signes d'une intoxication chronique ou aiguë due aux gaz utilisés pour désinfecter les conteneurs qui arrivent dans les ports de l'Union européenne.
Les personnes travaillant aux différentes étapes de la chaîne de transport sont les plus exposées, dans un cadre professionnel, aux pesticides utilisés dans les conteneurs. Cela commence par les salariés chargés de la fumigation au port de départ, ou par les marins, si des opérations de désinfection sont effectuées en mer. Les dockers sont exposés lors du déchargement et de l'ouverture des conteneurs, de même que les personnels des douanes lors des inspections. Enfin, les employés des entreprises destinataires ne sont pas à l'abri d'une exposition lors de la réception ou de la manipulation des produits avant stockage.
Des mesures d'aération des conteneurs avant ou lors de leur ouverture sont parfois mises en place, mais toutes n'ont pas la même efficacité. Les méthodes d'aspiration sont plus performantes que la seule ventilation. L'importance des troubles observés dépend de plusieurs facteurs : durée de l'exposition, concentration, distribution et devenir dans l'organisme du pesticide, susceptibilité individuelle de la personne, exposition à d'autres toxiques.
GAZ INCOLORE ET INODORE
Parmi les produits de fumigation les plus utilisés figurent le bromométhane (ou bromure de méthyle), le 1,2-dichloroéthane (ou dichlorure d'éthylène), la phosphine (ou hydrure de phosphore) le dichlorométhane (ou chlorure de méthylène) et le fluorure de sulfuryle.
Le cas du bromométhane est exemplaire. Ce gaz incolore, inodore et ininflammable était très utilisé pour le traitement des sols et des semis, mais il est nocif pour la couche d'ozone. De ce fait, le protocole de Montréal a restreint sa production et son usage, avec une suppression progressive arrivant à échéance en 2015.
Différents pays, dont les Etats-Unis, ont cependant pris des mesures dérogatoires. La fumigation au bromométhane était ainsi, avec la chaleur, l'une des deux méthodes agréées par les douanes en Europe jusqu'en 2010 pour traiter les matériaux d'emballage en bois et en bois brut (caisses, boîtes, palettes), avec un marquage particulier sur ces emballages.
La fiche consacrée en 2010 par l'Institut national de recherche et sécurité au bromométhane signale "attention : produit génotoxique", du fait d'une dégénérescence testiculaire constatée chez l'animal. Le Centre international de recherche sur le cancer n'a pas pu se prononcer sur son éventuel caractère cancérogène, mais cette évaluation date de 1987.
Depuis, une étude publiée en janvier 2012 par l'équipe de l'Institut central de médecine du travail et maritime de Hambourg a fait le point. "Tant les arguments épidémiologiques que les données toxicologiques suggèrent un lien possible entre l'exposition au bromométhane et de graves problèmes de santé, y compris le risque de cancer de la prostate du fait d'une exposition professionnelle ou dans la vie courante", constataient Lygia Budnik et ses collègues.
Source (lemonde.fr)
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