Même si les premières enquêtes menées sur le travail à distance pendant le confinement semblent aller en faveur du télétravail, il s'agit d'être vigilant. L'employeur doit rester attentif à ses salariés les plus isolés ou fragiles ou tout simplement mis à l'écart des locaux de l'entreprise.
Il doit ainsi recenser ces risques du télétravail dans le document unique d'évaluation, dont le CSE fera la critique afin de suggérer les meilleures conditions de travail possibles, même en travaillant de chez soi. En effet, en dépit des avantages de ce type de pratique salariale (économies de transport, souplesse des horaires, calme et organisation), nous avons listé 11 facteurs à prendre en considération :
- L'isolement social et professionnel ;
- La mauvaise gestion du temps ;
- La pression liée aux objectifs ;
- Le stress lié à la nature de la tâche ;
- Le mal-être suite au contrôle abusif ;
- La violence des prospects/des clients ;
- Monotonie et démotivation ;
- Problèmes matériels ;
- Inquiétude et conjoncture économique ;
- Le rejet des collègues de travail ;
- La santé au travail.
Ce focus est réalisé à partir d'un guide publié par la Carsat Nord-Picardie et d'autres sources citées en fin d'article.
1. L’isolement social et professionnel
Par nature, le télétravailleur ne partage plus son lieu de travail avec ses collègues. Dès lors, il risque de “perdre son sentiment d'appartenance” et de “se sentir exclu”. Il convient donc de veiller au maintien de contacts directs avec la hiérarchie et les collègues. À cette fin, certains employeurs limitent le télétravail à seulement quelques jours par semaine. La participation à des réunions régulières est aussi un bon moyen de prévenir cet isolement.
2. La mauvaise gestion du temps
En travaillant à domicile, le télétravailleur court le risque de “ne plus scinder suffisamment sa vie privée et sa vie professionnelle”, ce qui favorise l’épuisement professionnel. Pour éviter cet écueil, l'employeur doit rappeler au salarié la durée légale du travail et convenir avec lui des horaires durant lesquels il doit être joignable pour fixer un cadre.
3. Le stress lié aux objectifs
“N'ayant pas de contact direct avec sa hiérarchie, le salarié peut avoir des difficultés à évaluer ses résultats ou ressentir une incapacité à accomplir seul ce qu'il va ressentir comme une surcharge de travail”. Pour y remédier, les experts estiment que “la charge de travail prescrite doit faire l'objet d'une concertation avec le salarié à qui seront donnés, en début d'année, les objectifs à atteindre”. Ils préconisent aussi une évaluation de la charge de travail lors de réunions mensuelles avec le manager.
4. Le stress lié à la nature de la tâche
Chez tous les travailleurs, “une prescription floue, des objectifs inatteignables ou un manque de moyens créent du stress”. Pour le télétravailleur, ces risques sont accrus car il lui est plus difficile de solliciter de l'aide ou une explication complémentaire. Il est donc crucial que la hiérarchie définisse avec précision les tâches confiées aux télétravailleurs et qu'elle se montre disponible pour répondre à leurs questions.
5. Le mal-être généré par un contrôle abusif
Les outils informatiques du télétravail permettent à l'entreprise de se livrer à des contrôles qui peuvent être ressentis comme intrusifs par le salarié. Afin de préserver l'intimité du salarié, l'entreprise doit respecter trois principes : “le salarié doit être informé de tout contrôle”, “le contrôle doit être légitimé par un motif ” et “il ne doit pas constituer une violation de la vie privée du salarié”.
6. La violence des clients ou prospects
Rarement exposé aux agressions physiques, le télétravailleur est en revanche parfois exposé à une violence verbale d'autant plus difficile à supporter qu'il doit l'endurer seul. Dans ce cas, l'entreprise doit mener une réflexion sur la cause de cette violence : “Pourquoi les clients sont-ils agressifs ? Quelle est l'origine du problème ?
7. La démotivation consécutive à la monotonie
L'isolement du télétravailleur peut conduire à renforcer encore le sentiment d'ennui qui accompagne les tâches répétitives ou monotones. Pour maintenir sa motivation, il est donc conseillé de lui confier des missions les plus variées possible.
8. L’inadaptation du matériel de télétravail
Le télétravailleur doit disposer d’un matériel informatique lui permettant d’accomplir son travail dans de bonnes conditions et être correctement formé à son utilisation. En effet, “de nombreux salariés expriment un stress lié à l'utilisation de matériels inadaptés ou défaillants”.
9. L’inquiétude quant à la conjoncture économique
Les télétravailleurs sont plus sensibles aux incertitudes de la conjoncture économique et à ses conséquences éventuelles sur leur emploi. En effet, en raison de leur isolement, ils sont enclins à penser qu'ils ne sont pas tenus informés par la direction. Il convient donc de formaliser davantage avec eux les réunions d'information.
Rajoutons actuellement les évolutions rapides de l'organisation du travail, suite à la crise du Covid-19 qui a ajouté une pression supplémentaire et une incertitude quant au maintien des emplois.
10. Le rejet des collègues
Pour certains collègues du télétravailleur, son “absence sur le lieu de travail” peut être interprétée à tort comme “une absence de travail”, si bien qu'ils ont alors tendance à développer à son endroit une attitude agressive ou dévalorisante. Il faut donc bien informer les équipes du travail accompli par les télétravailleurs.
11. Les risques pour la santé
Risque d'addiction au travail
Sans contrainte horaire spécifique et sans transport qui marque bien les temps travail/domicile, il peut être difficile d'opérer une séparation ; au risque de travailler sans cesse et de créer des conflits familiaux.
Mauvaise alimentation
Sous la contrainte des objectifs parfois augmentés, comme nous l'avons cité plus haut, les temps de repas sont parfois trop courts, pris sur le pouce et amènent des déséquilibres alimentaires qui peuvent impacter les indicateurs de santé du télétravailleur (glycémie, cholestérol, carences) et donc sa motivation et son efficacité professionnelle. Par ailleurs, le grignotage peut devenir une tentation difficile à réguler avec son lot de complications.
Quelques pistes pour le salarié à domicile
Le CSSCT pourra contacter et conseiller les salariés en difficulté afin de mieux gérer leur télétravail.
En effet, il peut être difficile de trouver un équilibre entre vie familiale et vie professionnelle.
« Les membres de l’entourage ne comprennent pas toujours les limites du télétravailleur et se permettent de formuler des demandes de disponibilités qu’ils ne formuleraient pas si la personne ne travaillait pas à la maison ».
Tremblay
Dissocier le temps de travail et le temps familial
Il s'agit donc, pour le télétravailleur de fixer un planning comme en entreprise et de l'expliquer à l'entourage. Cet emploi du temps pourra être réalisé sur une affiche avec des plages horaires de couleurs (par exemple) afin que les enfants sachent aussi quand son parent est disponible ou non.
Attribuer un lieu de travail spécifique à la maison
Bien entendu, dans la mesure du possible, il est important de s'isoler dans un lieu spécifique et de couper toute source de distraction. Il est donc de la responsabilité du salarié d'organiser au mieux les conditions optimales de ses tâches salariales en télétravail.
Pratiquer des rituels matinaux
Ils deviennent rituels car les habitudes avant de partir au travail ne sont plus présentes. Il s'agit donc de les remplacer. Il est ainsi indispensable de se lever et de s'habiller normalement (les journées en pyjama ne sont pas l'idéal pour être dans une humeur de productivité). Il faut ensuite se fixer les heures de repas et les heures de pause et s'y tenir.
Sources :
Passeport Santé, décembre 2016
Une évolution indéniable vers un travail à distance
Avec environ 17 % de télétravailleurs, la France reste encore en retrait par rapport à d’autres pays européens. Toutefois, leur nombre augmente de façon régulière et le contexte de pandémie actuel va dans ce sens.
Dans deux sondages sur le télétravail, (sondage effectué sur un échantillon de 10 000 salariés issus de 200 entreprises), respectivement 73 % et 74 % des personnes interrogées souhaitent qu’il se prolonge au-delà de la période de confinement. Elles semblent donc plutôt favorables à cette façon de travailler.
Selon l’enquête réalisée par Malakoff Humanis, un tiers opte pour un télétravail régulier et 41 % pour une pratique ponctuelle de celui-ci (l'autre étude est menée par ChooseMyCompagny).
Petit rappel : avant la crise - et aussi avant les grèves de décembre - seuls 7 % des salariés français travaillaient à domicile (chiffres officiels fournis par le service statistique du ministère du Travail).
Il semble donc que l'on se dirige vers une explosion de ce phénomène et une installation durable du travail à distance.
Source : francetvinfo.fr
Raison pour laquelle il est important dès à présent d'en connaître tous les ressorts. Les membres du CSE CSSCT doivent ainsi prendre en compte ses nouveaux risques liés à la pratique du télétravail. En cas de problème ou de litige, l'appel à une expertise est tout à fait envisageable.
Notre accompagnement AXIUM
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D'autres informations officielles sur le télétravail et le déconfinement : travail-emploi.gouv.fr
Pour aller plus loin : Coronavirus : 6 recommandations pour réussir le télétravail ! |