Le « burn-out », ou syndrome d’épuisement professionnel, guette les salariés soumis à d’intenses pressions et un stress permanent. Ce phénomène des temps modernes inquiète médecins du travail et élus du personnel.
Burn-out, accident de travail : quels sont les signes ?
Troubles du sommeil, fatigue, perte de mémoire
Les signaux d’alarme du syndrome d’épuisement professionnel peuvent s’exprimer par diverses pathologies. Troubles du sommeil, fatigue, perte de mémoire et de concentration, symptôme dépressif, problèmes de dos, irritabilité…
En clair, le burn-out engendre de la souffrance au travail, mais aussi un mal-être généralisé. Parce qu’il touche à la santé mentale - mais aussi à la santé physique - le burn-out peut aussi entraîner diverses addictions : abus d’alcool, troubles alimentaires, etc.
Tous ces symptômes découlent en général, au départ, d’un stress chronique lié à des exigences professionnelles trop élevées.
« Exposé à un stress permanent, le salarié n’arrive pas à décrocher, augmente les cadences. […] Il en fait de plus en plus pour des résultats de moins en moins bons. Pour finir, le salarié acquiert la conviction qu’il est devenu incapable de faire son travail », résume parfaitement le médecin du travail Agnès Martineau-Arbes, lors d’un colloque sur ce syndrome.
Surcharge de travail
Pour le Dr Agnès Martineau-Arbes, « le 'burn-out’ est nécessairement lié au travail. C’est un sur-engagement professionnel caractérisé par un épuisement émotionnel, une perte d’estime de soi et la déshumanisation de la relation à l’autre. »
Burn-out accident de travail : contrairement aux idées reçues, le burn-out guette en premier lieu des salariés considérés comme « forts » et « résistants ». C’est la charge de travail, qui au bout d’un certain moment, n’est plus assumée par le travailleur, exposé au stress au travail sans en être conscient dans un premier temps.
Le terme anglais de « burn-out » décrit parfaitement ce que ressent le salarié victime face à l’épuisement professionnel : l’impression d'avoir consumé, brûlé toute son énergie. L’exposition au risque du burn-out augmente face aux pressions internes (surmenage), mais aussi au contexte économique : crise sanitaire, crise économique, chômage, exigence de rentabilité, etc.
Un risque d’épuisement pour toute activité professionnelle
Toutes les professions sont susceptibles de provoquer des situations d’épuisement. On pense parfois aux soignants, aux salariés de la fonction publique ou à ceux dépendant du régime agricole. Mais en réalité, ce n’est pas la profession en soi qui cause le burn-out mais une pluralité de facteurs.
On pense à l’organisation du travail, la qualité de vie au travail et la sécurité au travail. Mais également l’épuisement émotionnel, l’ergonomie sur le lieu de travail, etc.
Burn-out, accident de travail ou arrêt maladie ?
Au Japon, le « karoshi », ou « mort par surmenage » de salariés se tuant littéralement à la tâche, est reconnu comme accident du travail depuis les années 70.
En France, le syndrome du burn-out n’est pas à ce jour reconnu comme il devrait l’être.
- Le burn-out n’est pas un accident du travail
- Le burn-out n’est pas inscrit au tableau des maladies professionnelles
En revanche, un salarié victime de burn-out peut effectivement faire reconnaître sa pathologie.
L’Assurance maladie reconnaît les maladies professionnelles psychiques. Et même si le burn-out n’est pas inscrit dans le tableau des maladies professionnelles, il peut être reconnu comme telle (article L. 461-1 du Code de la sécurité sociale).
Indemnisation : comment est pris en charge le burn-out ?
Le salarié doit faire une demande de reconnaissance de burn-out professionnel auprès de la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). Pour obtenir une reconnaissance de maladie, il doit d’abord se tourner vers la médecine du travail pour obtenir un certificat médical initial. Ce certificat permet d’obtenir un arrêt de travail (ou arrêt maladie).
Au cours de cette déclaration de maladie, le salarié doit prouver que le burn-out l’empêche aujourd’hui de travailler à hauteur de 25% minimum de taux d’incapacité. Un second certificat médical devra être établi au moment de sortir du burn-out. La démarche doit être effectuée dans les deux ans.
Quelle responsabilité de l'employeur en cas de burn-out ?
L’employeur est tenu par le Code du travail de mettre tout en mesure pour assurer la santé physique et mentale et la sécurité des salariés. Il doit donc éradiquer les risques professionnels à leur source. Si cette politique de prévention n’a pas permis d'endiguer la survenue d'un burn-out, le salarié peut faire reconnaître la faute inexcusable de l’employeur.
Le conseil de prud’hommes examinera alors si l’employeur a, volontairement ou par négligence, encouragé l’épuisement professionnel (harcèlement, cadence intenable, etc).
Burn-out : rôle des élus CSE-CSSCT
Médecins du travail et représentants du personnel devraient tisser un filet de protection autour des salariés en négociant des accords de prévention et en ouvrant le débat dans l’entreprise.
La prévention du burn-out doit donc faire partie intégrante de la politique de prévention des risques. Des journées de formations, des campagnes de sensibilisation peuvent être engagées. Un référent peut être nommé au sein des élus du CSE ou de la CSSCT afin de centraliser les données sur le burn-out.